par Jacques Poletti

Ce roman  m’a plu, mais pas seulement  parce qu’il mêle 3 thèmes que tout bon lecteur apprécie en général : l’amour (of course), le cinéma (surtout celui de la nouvelle vague, des années 70) et la quête de l’identité…


Eric Fottorino écrit “à l’ancienne”, avec élégance, tout en discrétion, finesse. Les  mots ont  un poids qu’il sait  faire partager. Lorsqu’il décrit le grain de peau de la femme aimée, la poussière de lumière ou lorsqu’il nous fait passer (peu de temps il faut le dire) dans le cabinet de son patron, on se sent au cinéma, tout étant sensations.


C’est une histoire d’amour classique, un homme seul, plutôt intéressant, passionné de cinéma, avocat qui réussit…rencontre une languide femme mariée dont on peut se demander à quel point elle se joue de lui ou d’elle-même ! Que deviendra cet amour ? Lisez, vous verrez. Donc ce narrateur (fils d’un pro de la lumière qui a travaillé pour les plus grands réalisateurs dont les noms sont toujours des références) , cet homme d’une quarantaine d’années qui reste un éternel adolescent, va oublier par cette passion amoureuse, pour quelques temps, son manque originel : sa mère est inconnue et son père n’a pas pris la peine, avant de mourir, de lui dire ce qui s’est passé, qui elle est ! Lui reste avec l’idée qu’elle pourrait être une
des actrices de l’époque car son père a eu de beaux succès avec les femmes, jusqu’à tard ; s’ensuit une avidité à voir tous les films de la nouvelle vague dont son père a éclairé les plateaux, avec une analyse des possibilités (lieux, mois de rencontres, date de conception, de sa naissance, goûts de son père).


Comment vivre si on ne sait qui on est ? s’il manque un pan de son histoire ? Deux possibilités : ne pas bien vivre, souffrir, ou faire comme si ce n’était pas essentiel et vivre sa vie. Que fera notre personnage ?


J’ai apprécié pour le style, les images, ce que j’ai appris du cinéma et de la lumière, pour l’hommage rendu à la profession trop méconnue et importante des éclairagistes. C’est tout un art, et on l’ignore, de faire s’éclairer un visage ; j’ai appris aussi qu’il y a des gens avec ou sans lumière et que j’ai envie sur un home salon de me repasser un par un (j’en ai pour des mois) tous les films qu’il évoque  !


C’est un roman aux allures d’autobiographie, dominé par la silhouette d’un père exceptionnel et suspendu aux illusoires fragments d’une mère virtuelle.




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