Durant le confinement, nous avons pris des nouvelles de Pierre Jourde, qui nous a fait l’amitié de nous répondre.

Musanostra : En cette période d’arrêt des activités disons sociales , quel lieu de confinement avez-vous choisi et si ce n’est pas trop indiscret , pourquoi ? 

Pierre Jourde : Mon domicile à Paris. On ne choisit pas forcément. J’étais là avec ma famille au moment du confinement. Mais cela répond à une nécessité : mon fils a beaucoup de travail pour le lycée, qu’il reçoit par internet, et mon épouse, professeur à la Sorbonne, travaille également par internet. Cela dit, dans ma ferme du Cantal (sans internet) on va bientôt sortir le troupeau, et je vais sans doute y aller donner un coup de main à mon fermier, c’est toujours un moment de gros travail.  

M : Aviez-vous un projet particulier qui vous tenait à coeur, et que vous avez dû remettre ? Présentation d’un nouveau livre, rencontres, retrouvailles familiales, voyages, concerts… ou autres.

PJ: Venir en Corse début mai pour Musa Nostra ! Je n’ai pas pu aller skier, et je serais bien venu faire un tour en Balagne pour les vacances de Pâques. Je ne sais pas si la soirée qui devait m’être consacrée en Sorbonne à la mi-mai pourra avoir lieu. Je devais également participer avec Eric Chevillard à un colloque à Clermont-Ferrand, sur l’animal en littérature, c’est annulé, et je devais aussi à cette occasion rencontrer les étudiants d’une khâgne que je parraine, je regrette vraiment de ne pouvoir le faire. 

M: Qu’avez-vous fait les premiers jours ? Avez-vous réalisé que ça allait un peu durer ?

PJ: Surtout pas de journal de confiné, à part la parodie que j’en ai faite dans ma chronique sur Bibliobs. Je fais ce que je fais toujours : écrire. Rien ne change fondamentalement.  

M: Avez-vous vite commandé des livres ? Si oui, lesquels ? 

PJ: Ma bibliothèque est assez fournie pour trois vies de lecture. J’ai commandé Kunstformen der natur, de Ernst Haeckel, l’ouvrage d’un biologiste allemand, qui date de 1904, sur l’esthétique des formes vivantes. Sinon je lis beaucoup sur tablette. En ce moment, Tacite et Wilkie Collins.  J’ai fini Monotobio d’Eric Chevillard, un livre fou, le livre d’un génie absolu.   

M: On vous connait très actif, très animé, plein de fougue. Comment canalisez-vous cette énergie dans le confinement ? 


PJ : Je fais du sac de frappe avec mon fils. Je lui ai appris quelques techniques de boxe.


M: Dans votre bibliothèque, on trouve quels auteurs  ? y a-t-il des livres que vous cachez ? certains dont vous ne voulez pas vous séparer, même si vous ne les lirez plus ? 

PJ : Tous les auteurs. J’ai un rayon Vialatte et un rayon Huysmans très fournis, puisque j’ai travaillé sur ces auteurs, et un gros rayon littérature fin-de-siècle, une de mes spécialités universitaires. J’ai tout Chevillard, tout Novarina, Beaucoup d’anglo-saxons (Conrad, James) de latino-américains, d’italiens, tout Kleist, presque tout Perutz, un de mes favoris.  Pas mal d’ouvrages historiques. J’ai aussi un rayon spécial bouses, Sollers, Angot, Jardin, Haenel, Edouard Louis. C’est mon armoire aux monstres.  

M: Sur quoi travaillez-vous ? professeur, auteur, chercheur…vous avez plusieurs brûlots ou vous vous concentrez sur quelque chose ? on vous lit bientôt ?

PJ: J’ai entrepris un roman assez compliqué à gérer narrativement, qui se passe dans une époque qui ressemble au XIXe siècle, et flirte avec le fantastique. Je ne suis pas près de finir.

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