L’auteur, romancier, dramaturge, a choisi de livrer sa vision de tant d’existences dans une prose poétique au sein  d’ un recueil d’une centaine de pages cette fois.  Longuement mûri, Ce livre dans un genre nouveau pour lui est le fruit de cheminements liés à des expériences et des rencontres.

Il  n’a pas peur de dire la vie des hommes, leur existence petite et dense, minable ou remarquable,  leurs faiblesses qui sont aussi leur force parfois ; il dessine par touches lucides  les cœurs des grandes villes, le grouillement des corps, sous le soleil souvent,  la résistance et l’abandon, le pourriture et la recherche de bonheur. Toutes les compromissions, toutes les défaites et les victoires, petites ou grandes, partout dans un monde poudrière, un monde d’hommes, sont présentes dans ces vers chargés de sensualité, d’Histoire et d’histoires. On retrouve les mêmes accents que dans ses romans, notamment dans  Ecoutez nos défaites , une œuvre ambitieuse, chorale,  qui a obtenu un immense succès.


Dans De sang et de lumière, c’est son humanisme qu’il veut exprimer autrement.   Son origine aussi, mêlée, ce qui le fait homme, dans un long et magnifique texte  qui reprend de façon anaphorique « je viens de ».

Extraits

« J’ai dans les yeux ce Sud

Que je n’ai plus jamais cessé d’aimer, de contempler,

Ce sud qui m’est étranger

Et m’enivre.

Naples, Palerme, Beyrouth,

Il fait chaud.

Et les voitures règnent sans pitié sur les passants.

Les trottoirs sont maigres comme des chats affamés,

Mais la rue vit à pleines dents. »

(P96)

« il y a cet arbre sur la terre d’Afrique,

A quelques pas de la grève,

Qui sait, depuis longtemps, ce qu’est le goût du sang. »
(p19)

« Si  jamais un jour tu nais,

Ne crois pas que le monde se serrera autour de toi,

Pressé de voir ton visage,

Dans une agitation de grands festins. »
(p 69)

« L’Europe et la Méditerranée.

Les deux saignent, hésitent et tremblent.

Je viens d’un combat permanent ,

De sang et de lumière.

Le monde entier regarde l’Europe avec envie,

Elle seule ignore qu’elle est riche

Et s’enferme, peureuse,

Avec des hésitations de vieille égarée.

La Méditerranée a visage de cimetière. »

(p 97)

« Tant de cris de tant de foules dans tant de villes,

Et tous ces regards saisis, ces visages figés qui sont les nôtres.

L’obscurité grandit.

C’est nous, de par le monde,

Les hommes visés.

Nous tous,

Possiblement,

En quelques secondes, de vie à trépas. »

(p 101)

Informations utiles

Laurent Gaudé, De sang et de lumière, Arles, Actes sud, 2017.


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