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François Rusjan se propose ici  d’expliquer le charme de ce film culte

Betty et moi…à moins que ce ne soit Camilla ou Diane
Ces  prénoms vous rappellent-ils quelque chose ? Faites travailler votre mémoire, amis cinéphiles ! Mais oui, ce sont les héroïnes du superbe film de David Lynch, Mulholland Drive.

Un film sorti en 2001 et qui pour moi reste en tête de mes films préférés. Il a réussi à détrôner dans ma « top liste » les Hauts de Hurlevent, Ben Hur, Hôtel du Nord, Casablanca mais reste tout de même talonné de très près par Citizen Kane et Les enfants du Paradis.    Dix ans après sa sortie en salle, il est un film culte sur lequel de nombreux internautes écrivent voire débattent. Et j’en fais partie.

Pourquoi un tel engouement ?

Je devrais dire fascination ou obsession ! Je crois qu’il m’est impossible d’y répondre en quelques mots (j’avais écrit en quelques mois : fallait- il lire quelques  «  Moi » ?). Après plusieurs visions, je suis toujours  emporté par l’histoire de Dyane, la beauté de Rita, la sensualité révélée de Betty, le mythe hollywoodien et la musique de Angelo Badalamenti vers un monde où rêves et réalité s’entremêlent.

Où commence le rêve ? Où est la vérité ?
Je me souviens de ma première vision au cinéma : un choc, une expérience unique, une véritable hypnose à tel point qu’à la scène de la petite boite bleue j’ai demandé à ma voisine si je ne m’étais pas endormi. David Lynch m’avait emmené dans le rêve de Diane (où elle est Betty) et la scène de  la boite marque le retour à la réalité, le réveil de Diane et du spectateur donc le mien. Le mystère s’éclaircit peu à peu, les personnages reprennent leur véritable identité, la réalité n’en est que plus triste, plus cruelle. J’ai bel et bien été sous l’emprise de David Lynch.

Les références  au 7ème art sont évidentes, que soit à des films, des réalisateurs, des héros, des thèmes : Sunset Boulevard, Le Parrain, Gilda, Hitchcock, le cow-boy, la mafia, le thriller. On peut y voir également la mort : la fin du muet, l’assassinat, la fin des stars. Mais Mulholland Drive est aussi une histoire d’amour. Une femme avec une femme : Diane et Camilla. Diane vient à Hollywood pour trouver la gloire, c’est toute la première partie du film : le rêve, mais elle trouvera l’amour, la passion, la corruption, l’humiliation, la déchéance, c’est la deuxième partie du film : la réalité.

Que fait Hollywood de ses stars ? Elles font rêver des milliers d’hommes et de femmes, elles incarnent des fantasmes, nous emmènent dans un autre monde. C’est ce qu’il se passe lors d’une projection : on est un autre, on est spectateur d’une autre vie que la sienne, on réagit aux émois, aux émotions des acteurs mais on laisse également apparaître, surgir nos propres émotions ; on pleure, on sourit, on sursaute, on crie et quand le générique de fin défile on se réveille peu à peu et on retrouve notre petite vie. Pendant plus d’une heure et demie, on a été Jédai ou cowboy, Brad ou George, Marylin ou Deneuve, on a eu peur de Norman Bates et puis on se réveille en gardant dans son cœur et sa mémoire  toutes les émotions ressenties. C’est aussi ce que, raconte David Lynch dans son film : le mystère du cinéma et la réalité d’Hollywood.

David Lynch montre aussi son amour pour les acteurs et les actrices en particulier. Chacune des deux comédiennes doit tenir deux rôles diamétralement opposés. Mais le film dénonce également le comportement machiste du milieu du cinéma. On peut noter cela, en particulier dans la scène de l’audition de Diane où le vieil acteur sur le retour veut jouer la scène « très collé-serré ».

Hollywood tue !

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