twee-brieven-uit-westerbork-etty-hillesum0
Etty Hillesum

Cela fait maintenant des années que tu es près de moi et que je t’emmène partout. Ton Journal est dans ma vie comme peu d’autres livres. Tu sais, il y a toujours des roses et du jasmin, parfois encore un coin de ciel bleu, l’air est moins pur, on peut encore respirer gratuitement mais sans doute pas pour longtemps.
Chère Etty, le monde n’est pas devenu plus beau et moins monstrueux, chaque jour il se passe des choses qui te feraient frémir, et tu demanderais où se cache l’âme humaine.
Après l’innommable dans lequel tu as péri, beaucoup ont dit « plus jamais ça », mais il ne se passe pas un jour en ce nouveau siècle où d’autres gens massacrent leurs semblables sans aucun remords.
Quelquefois, je me dis pour me rassurer qu’au moment où tu vivais cette monstruosité, on pouvait ne pas savoir, mais nous qui avons les informations dans la minute, avons-nous une seule excuse?
J’aimerais te dire que nous ne sommes pas égoïstes, mais c’est à peine si nous savons encore tendre la main et je ne sais pas si nous sommes encore nombreux à vivre en poésie.
Tu sais, je me demande s’il y a encore des gens comme toi qui écrivent dans un cahier en y mettant tout leur cœur, mais je ne le crois pas. Alors chère Etty, ne sois pas triste, tu m’accompagnes et ton courage, ta lucidité, sont mes armes.
M. G.

 


En savoir plus sur Musanostra

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Musanostra

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading