par P. Alibertini

 

Petru Santu Leca est un auteur corse assez mal connu que cet ouvrage, paru il y a quelques mois aux éditions Albiana, a le mérite de faire reconnaitre comme l’un des grands poètes de l’île.

Homme dont la discrétion était presque légendaire, originaire d’Arbori, l’auteur de la célèbre chanson « Sott’à lu ponte » a mené une carrière de professeur d’italien, d’abord en Corse, puis à Nice. C’est d’ailleurs à Nice qu’il termina prématurément sa carrière puisque la mort vint le faucher après une courte maladie. On sait également qu’il était le neveu germain de Santu Casanova et qu’il avait épousé la sœur du professeur Paul Arrighi, fondateur au lendemain du second conflit mondial du Centre d’études corses de l’université d’Aix-en-Provence. Il n’est pas inutile de souligner que Petru Santu Leca avait noué une amitié solide avec Paul Valéry dont les origines paternelles étaient corses.

L’ouvrage dévoile quelques belles lettres de cet échange épistolaire entre les deux poètes. Petru Santu Leca a été le directeur d’une revue littéraire de bonne facture et de bonne tenue, L’Aloès, dont il fut difficile de rassembler toute la collection, ce à quoi s’est employé le jeune enseignant de l’Université de Corse, Christophe Luzi.

C’est à la faveur de la découverte de certains de ses cahiers et de ses papiers inédits que Christophe Luzi a jugé que cette œuvre méritait une plus grande reconnaissance et s’est engagé dans une publication des textes, pour l’essentiel des pièces versifiées, écrites en corse ou en français, accompagnées de quelques textes en prose.

On découvre une œuvre de qualité, une œuvre délicate et classique qui reflète une époque révolue, un auteur qui, sans être fermé aux courants littéraires de son temps, s’inscrit dans la veine traditionnelle de la poésie corse de la première moitié du vingtième siècle, avec pour thèmes de prédilection la nature, l’amour, la mort, le temps qui passe…

Christophe Luzi a travaillé à montrer que malgré l’oubli qui avait un peu perdu ce nom, sans doute du fait de l’humilité de cet intellectuel, il y grand intérêt à le lire aujourd’hui car il constitue un pan important de notre patrimoine littéraire et plus largement culturel. Avec une grande finesse d’analyse, Christophe Luzi montre aussi combien la recherche gagne à (re)publier et mettre à disposition d’un large public les œuvres complètes des auteurs marquants de notre histoire littéraire. Cet effort doit être salué.

Pour présenter cette œuvre et l’étude critique qui l’accompagne, il a consulté de nombreuses archives, s’est souvent déplacé en Corse mais également dans les bibliothèques et les centres d’archives du Midi de la France. Un grand merci à lui pour cette entreprise menée à bien qui nous permet ce plaisir de lecture et de connaissance supplémentaire.

 



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