UNIVERSITÉ DE CORTE
Jeudi 5 décembre 2019 16h30

Venise à double tour, de Jean-Paul Kauffmann, Les Équateurs, 338 p., 22 € Pendant plusieurs mois, Jean-Paul Kauffmann a voulu pénétrer dans les églises jamais ouvertes de Venise pour mieux saisir le mystère de cette ville fascinante. « LA Croix »


En 1994, Jean-Paul Kauffmann crée la revue L’Amateur de cigare.

Écrivain, il a publié L’Arche des Kerguelen (Flammarion, 1993) qui reçoit le prix Jean-Freustié, puis La Chambre noire de Longwood (La Table Ronde, 1997) couronné par de nombreux prix (prix Roger-Nimier, Grand prix RTL-Lire, Prix Jules-Verne, prix Joseph-Kessel et Prix Livre et Mer) ; La Lutte avec l’Ange (La Table Ronde, 2001) et 31, allées Damour – Raymond Guérin 1905-1955 (La Table ronde / Berg international, 2004). Tous ces livres ont une thématique commune : l’enfermement, mais n’évoquent jamais directement son expérience d’otage.

En 2002, Jean-Paul Kauffmann reçoit le Grand prix de littérature Paul-Morand remis par l’Académie française.

Pour la première fois en 2007, dans La Maison du retour (NiL éditions, 2007), il évoque sa captivité, sa position d’otage et les moments qui ont suivi son retour, le douloureux réapprentissage d’une vie « normale », son incapacité à lire, lui, le passionné de littérature. Comme dans tous les livres de Jean-Paul Kauffmann, tout est écrit sur un ton feutré au travers de l’histoire de l’achat d’une maison, tanière ou sas pour revenir vers sa famille, vers la vie.

Amateur de vins de Bordeaux, il a publié plusieurs ouvrages sur ce sujet.

Avec Courlande (Fayard, 2009) le récit d’un voyage constitue la trame de plusieurs quêtes dont celle de l’identité d’un pays, la Courlande.

Il reçoit le Prix de la langue française 2009 pour l’ensemble de son œuvre.

Il reçoit en 2016, le Prix du Mémorial, grand prix littéraire d’Ajaccio pour son œuvre Outre-Terre, éditions des Équateurs.

DANS LE CADRE DES JOURNEES D’ETUDES

« DES IMAGES QUI NOUS COLLENT A LA PEAU… LES ETHNOTYPES HIER ET AUJOURD’HUI »

Annexe 1 : Présentation scientifique du projet

Il y a 190 ans, en mai 1829, Prosper Mérimée, qui n’a pas encore composé Colomba (1840), publiait dans la Revue de Paris une nouvelle qui fit grand bruit et rencontra plus qu’un succès d’estime : Mateo Falcone. Mœurs de la Corse. Dans le récit, les personnages sont erratiques et les dialogues sommaires. Mateo Falcone va mettre à mort son fils Fortunato, qui a trahi pour une montre, les lois de l’hospitalité. Le père emmène son fils au fond d’un ravin et lui demande de réciter ses prières. Fortunato est mis en joue par Mateo Falcone qui l’abat froidement. Il y a dans la nouvelle, glaçante de bout en bout, une dimension épique en forme de tragédie grecque.

Si la question est trop souvent de savoir si les textes corses de Prosper Mérimée correspondent à la réalité de la vie quotidienne en Corse au XIXe siècle, c’est que l’espace-temps du récit, la diégèse, est chez lui un univers qui emprunte à la réalité (environnement, personnages, etc.). Or, il y a comme une inutile et naïve obsession à vouloir vérifier dans une fiction si les caractères factuels ont été seulement altérés, totalement falsifiés ou la vérité réécrite. Mais que faut-il entendre par vérité ? De manière classique, Aristote l’identifie comme une relation entre une représentation, un discours, une idée et ce à quoi elle se rattache, son référent, la chose, le monde, la réalité. Que peut-on attendre donc de cette interrogation ? En définitive, rien ou si peu. Or, une réponse définitive est hors de toute atteinte. Cette question bute sur des éléments de réponse tranchés qui font la part belle aux truismes. Débat stérile et sans fin, s’il en est. La prétention de résorber le décalage irréductible entre l’historien, le journaliste, le philosophe qui cherche le vrai, et l’auteur qui forge les libres formations imaginaires de la littérature, est vouée à l’échec. Naturellement, si la vendetta appartient à l’histoire de la Corse à l’âge du romantisme et si on peut encore s’entretuer pour des questions d’honneur, la Corse de ces années-là ne peut se réduire à cette réalité. Un auteur n’est-il pas libre de construire et de déconstruire des mythes et des clichés ? Prosper Mérimée ne s’en est pas privé et ses aveux étaient sincères : « Tout gros mensonge a besoin d’un détail bien circonstancié, moyennant quoi il passe. » La fiction se moque bien de la réalité, les ethnotypes aussi. N’avait-il pas, en 1827, publié un Choix de poésies illyriques recueillies dans la Dalmatie, la Bosnie, la Croatie et l’Herzégovine ? Le recueil, assorti de notes de nature historique et philologique, était le fruit d’un voyage imaginaire. Canular ? Pastiche ? Mystification ? Manipulation ? Réélaboration de la vérité ? Mensonge ? Un peu tout à la fois. Le romantisme figeait l’identité insulaire dans une posture essentialiste et le processus d’ethnotypification s’élaborait à grand renfort d’images nécessairement simplifiées, des images qui ont encore cours aujourd’hui et qui sont du reste la chose la mieux partagée à travers le vaste monde.Au-delà de la Corse, l’anniversaire de la publication de Mateo Falcone fournit l’occasion de s’interroger sur les ethnotypes en faisant appel à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, toutes les périodes de l’Histoire et toutes les aires géographiques.

Les langues de travail des journées d’études sont le corse et le français.

Les actes des journées d’étude feront l’objet d’une publication dans le courant de l’année 2020.

Annexe 2 : Programme

Mercredi 4 décembre 2019

8h30 : Accueil café

9h00 : Discours institutionnels

M. Gilles SIMEONI, Président du conseil exécutif de Corse

M. Xavier LUCIANI, Conseiller exécutif en charge de la politique de la langue corse

M. Paul-Marie ROMANI, Président de l’Université de Corse

Mme Marie-Antoinette MAUPERTUIS, Directrice de l’UMR CNRS 6240 LISA

M. Jean-Guy TALAMONI, Président de l’Accademia corsa di i Vagabondi

Mme Marie-Michèle VENTURINI, Doyen de la faculté des lettres (FLLASHS)

M. Eugène F.-X. GHERARDI, Responsable des journées d’étude

1. La fabrique historique et littéraire des ethnotypes

(Amphi Ribellu, FLLASHS. Président de séance : Alain DI MEGLIO, professeur des universités, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA)

9h30 : Anne-Marie THIESSE, directrice de recherche CNRS, UMR 8547 Transferts culturels, École normale supérieure Ulm, Labex TransferS

De la caractérologie des peuples aux identités nationales : les usages des ethnotypes.

10h30 : Antoine FRANZINI, docteur en histoire médiévale, chercheur associé, Université Paris-Est Marne-La-Vallée, EA 3350 ACP (Analyse Comparée des Pouvoirs).

Les représentations de la Corse et des Corses chez les lettrés italiens du Quattrocento.

10h50 : Igor MELANI, professeur d’histoire moderne et d’histoire de la Renaissance, Università degli Studi di Firenze

Images de l’homme du Nord entre XVe et XVIe siècles.

11h10 : Laetizia CASTELLANI, docteur en histoire moderne, chargée de cours, Università di Corsica Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

La question de l’ethnotype à travers les rapports entre les Balanins et la justice (XIXe siècle-début du XXe siècle).

11h30 : Jean-Guy TALAMONI, maître de conférences associé, langue et littérature corses, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

Le regard romantique français sur la Corse à l’épreuve de la pensée complexe.

11h50 : Discussion

12h10 : Pause repas

2. Formes et figures littéraires

(Amphi Ribellu, FLLASHS. Présidente de séance : Marie-Michèle VENTURINI, Maître de conférences, Doyen de la faculté des lettres, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA)

14h00 : Gwendal DENIS, professeur des universités, langue et littérature bretonnes, Université Rennes 2, Centre de recherche bretonne et celtique (EA 4451)

Le Breton, plouc essentiel.

14h20 : Christophe LUZI, ingénieur de recherche au CNRS, docteur ès lettres (littérature française) de l’université d’Aix-en-Provence, UMR CNRS 6240 LISA

La Corse et les Corses dans la presse américaine du début du XXe siècle.

14h40 : Aurélie ARCOCHA-SCARCIA, professeur émérite des universités, langue et littérature basques, Université Bordeaux – Montaigne, UMR IKER 5478

Aux sources du néopaganisme dans les écrits du poète Jon Mirande (1925-1972)

15h00 : Discussion

15h20 : Yan LESPOUX, maître de conférences, historien, Université Montpellier III – Paul Valéry, LLACS (Langues, littératures, arts et cultures des Suds)

« Plus barbares et inhumains que les Tartares ». Les Médoquins dans le regard des autres et dans le leur.

15h40 : Ur APALATEGUI, professeur des universités, Études basques à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour

Deux tentatives de déconstruction littéraire de l’ethnotype violent basque : Bilbao-New-York-Bilbao (2008) de Kirmen Uribe et Rossettiren obsesioa (2000) de Ramon Saizarbitoria.

16h00 : Marie-Jeanne VERNY, professeur des universités, langue et littérature occitanes, Université Montpellier III – Paul Valéry, LLACS (Langues, littératures, arts et cultures des Suds)

De Pagnol à Plus belle de la vie, en passant par le néo-polar, visages de Marseille.

16h20 : Michel ADROHER, maître de conférences, langue et littératures médiévales, catalaniste, Université de Perpignan

Un certain M. Abraham ou « Qui n’a lu La Vénus d’Ille » ?

16h40 : Audrey DEBIBAKAS, maître de conférences, Université de Guyane, EA 7485 MINEA (Équipe d’accueil Migration, Interculturalité et Éducation en Amazonie)

Récits en rhizomes : émergence de voix marronnes dans Des hommes libres d’André Paradis.

17h40 : Discussion

Jeudi 5 décembre 2018

8h30 : Accueil café

3. L’Ethnotype « tout terrain »

(Amphi Ribellu, FLLASHS. Président de séance : Didier REY, professeur des universités, Università di Corsica – Pasquale Paoli)

9h00 : Dominique VERDONI, professeur des universités, anthropologie sociale et culturelle, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

Le féminin est-il d’un mauvais genre ?

9h20 : Manon DENIEL, doctorante en langue et littérature bretonnes, Centre de recherche bretonne et celtique (EA 4451/UMS 3554)

La « vraie Bretonne », l’ethnotype au service de la cause ?

9h40 : Fabien LANDRON, maître de conférences, langue et littérature italienne, Università di Corsica, UMR CNRS 6240 LISA.

S’amuser de la sardité : la dérision au service de l’hommage dans L’uomo che comprò la luna, film de Paolo Zucca (2018).

10h00 : Alina ROMASCU, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

Les représentations contemporaines des Roms de Roumanie dans les médias.

10h20 : Discussion

10h40 : Serena TALAMONI, doctorante en histoire moderne et contemporaine Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

Entre appropriation de l’ethnotype et dénonciation de la stigmatisation : étude d’une sélection de discours prononcés à l’Assemblée de Corse.

12h00 : Muriel POLI, maître de conférences, linguiste, Università di Corsica Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

La figure du voisin dans les parémies populaires de Corse.

12h20 : Discussion

12h30 : pause repas

4. Les ethnotypes au prisme de l’image du Corse

(Spaziu Natale Luciani. Président de séance : Eugène GHERARDI, professeur des universités, Università di Corsica – Pasquale Paoli)

14h30 : Didier REY, professeur des universités, histoire contemporaine, Università di Corsica Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

Football et stéréotypes : aperçu sur la Corse, la Catalogne et le Pays basque.

14h50 : Davia BENEDETTI, maître de conférences, anthropologue, Università di Corsica Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

La croyance d’un « corps corse pudique » ou l’ethnotype du corps en Corse.

15h10 : Kévin PETRONI, Sorbonne, ENS Ulm, Agrégatif

Écrire les mœurs dans Mateo Falcone

15h30 : Julien ANGELINI, docteur en Sciences de l’information et de la communication, chargé de cours, Università di Corsica Pasquale Paoli

La mise en scène numérique de l’identité corse sur les réseaux sociaux

15h50 : Christelle MORETTI, doctorante en sciences de l’éducation, conseillère principale d’éducation dans l’Académie de Corse, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA

Image(s) et usage(s) des réseaux sociaux par les adolescents en Corse : des traces de négociations identitaires ?

16h10 : Discussion et pause

16h30 : Moment littéraire animé par Marie-France BERENI-CANAZZI, enseignante et présidente de Musanostra

Invité : Jean-Paul KAUFFMANN, journaliste et écrivain

18h : Synthèse et clôture des travaux par Eugène F.-X. GHERARDI, professeur des universités, histoire culturelle de la Corse, Università di Corsica – Pasquale Paoli, UMR CNRS 6240 LISA


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