France Bloch : Lettre à l’aimé par-delà la mort

par FRANCESCA QUILICHINI

La journaliste Marie Cristiani a écrit un livre sur l’histoire émouvante d’un couple engagé dans la résistance et victime de l’effroyable machine à tuer qu’est le nazisme

Cet ouvrage fait écho à son documentaire qui a été primé à Nice en 2006 au Festival du film sur la Résistance. 

Hantée par cette douloureuse histoire qu’elle a découvert fortuitement en 1995 à Paris au musée de la Résistance, elle a ressenti le besoin de revenir sur le destin hors norme de France Bloch, une intellectuelle juive et communiste, mariée à Frédo Sérazin, un militant syndicaliste  communiste issu de la classe populaire. 

France Bloch était la fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch et de Marguerite Herzog, sœur de l’académicien André Maurois.  

Dans son ouvrage, l’auteure livre les résultats de sa minutieuse enquête, interroge Roland, le fils, qui n’a découvert que tardivement l’ampleur de l’implication de sa mère dans la résistance dans les archives de la préfecture de police de Paris (rapports de filature et interrogatoires). Patiemment, elle a recueilli les lettres, les notes, les extraits du journal et les documents de France Bloch destinés à Roland. 

Frédo est arrêté en février 1940. Un an plus tard, sa femme entre sous un faux nom au laboratoire d’identité judiciaire de la préfecture de police de Paris et participe à l’activité des premiers groupes de l’Organisation spéciale. Elle installe un 

laboratoire clandestin dans son appartement et fabrique des engins explosifs. La police française l’arrête en mai 1942. Condamnée à la peine de mort  par un tribunal militaire allemand avec 18 co-inculpés, la jeune femme est déportée en Allemagne puis exécutée par décapitation à la hache. Seuls les hommes bénéficiaient de la « faveur » d’être fusillés.

« Mon Frédo » sont les deux premiers mots de la lettre d’amour que France adresse à son mari le 12 février 1943, quelques heures avant sa décapitation. Frédo n’a jamais reçu sa lettre. Il sera lui aussi exécuté sans savoir que sa femme était déjà morte. Ces deux êtres liés par leur amour et leur combat pour la liberté sont allés jusqu’au bout de leur engagement. Ils forcent l’admiration et le respect. « Je meurs pour ce pour quoi nous avons lutté » écrit France à Frédo. 

Au-delà des mots, Marie Cristiani a accompli sa mission en envoyant par delà la mort la lettre de France à Frédo. Le couple est enfin réuni dans la mort. De toute éternité.




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