Poèmes et poésies

 
soupault

C’est sous ce titre passe partout que Grasset édite dans sa collection Les Cahiers Rouges un ensemble de Philippe Soupault disparu en 1990 à  près de 93 ans. Il est vrai que l’homme, d’une modestie hors du commun, refusait pour ce qui le concernait de parler d’oeuvre et refusait le mot même avec un haussement d’épaules. Or il suffit de lire le bel avant-propos pour constater que ses écrits sont loin d’être négligeables : romans, études, chansons, théâtre, essais, articles et beaucoup de poèmes en plaquettes ou épars dans des revues sans grand souci de les regrouper avant que l’éditeur ne les publie dans ce gros volume de 1973 republié aujourd’hui.

Ce qu’on sait surtout de Soupault c’est son cheminement avec le groupe des surréalistes, mouvement dont il est le co-fondateur avec Breton et Aragon en donnant les Champs magnétiques, recueil poétique produit selon le principe de l’écriture automatique en 1919 et qui prépara le Manifeste de 1924. Il n’empêche que notre jeune poète s’était déjà fait remarquer par Apollinaire grâce à un poème  Départ  écrit à 19 ans et publié dans la revue Sic de Pierre-Albert Birot, précédant en cette même année 1917 le premier recueil Aquarium. Cette facilité d’écriture, cette souplesse extrême d’adaptation au mouvement révolutionnaire de l’art et de la littérature de son époque, cette vive fulgurance remarquée d’emblée par ses premiers amis de la revue Littérature , lanceront , comme on dirait aujourd’hui, le jeune poète.

Carrière aventureuse, à partir de Dada et du Surréalisme, expériences multiples, voyages, feront de Soupault cet écrivain polygraphe intelligent  et doux qu’aucune gloire littéraire n’intéressa pourtant réellement. Il aura toujours préféré la simplicité du contact humain, la chaleur de l’amitié fidèle en somme malgré les ruptures que l’on sait aux grandes idées et aux valeurs fondamentales qui avaient ébranlé les choses de la littérature et de l’art au tournant du vingtième siècle. J’ai eu quant à moi l’immense chance de le bien connaître, de le fréquenter pendant mes années parisiennes et je me réjouis particulièrement de la réédition de cette somme poétique. Elle est organisée chronologiquement et thématiquement en cinq sections : Poésies (1917-1937), Message de l’île déserte (1942-44), Odes (1943-46), Chansons (1949), Sans phrases (1953), Crépuscules (1960-1971). Il s’agit d’un florilège dont on sait qu’il l’a établi lui-même à un âge avancé. Elle permettra donc de découvrir ou redécouvrir les mille facettes poétiques qui constituent comme malgré lui une œuvre  et des meilleures.

Jacques Fusina
 

Départ 
L’heure
Adieu
La foule tournoie
un homme s’agite
Les cris
des femmes autour de moi
chacun se précipite me bousculant
Voici que le soir tombant
j’ai froid
Avec ses paroles j’emporte son sourire

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