Avec Le mystère Henri Pick, D. Foenkinos nous livre un roman où une sorte d’enquête est sensée justifier le fameux « mystère » annoncé dans le titre. Seule ombre au tableau pour cet ouvrage qui, par ailleurs, et comme la grande majorité des œuvres de l’auteur, se laisse lire et nous porte, avec cette envie propre au lecteur de connaître la fin… Et ça tombe bien parce que c’est un peu le sujet : la réception de l’œuvre… Ah ! Tout un programme !
L’intrigue est centrée autour de la bibliothèque où Jean-Pierre Gourvec (une sorte de « Mère Téresa des écrivains ratés ») a décidé de recueillir tous les livres refusés par différentes maisons d’édition. Jusqu’au jour où Delphine Despero, accompagnée de son fiancé, un « écrivain raté », découvre en ce lieu ce qu’elle appelle elle-même un « chef d’œuvre ». La jeune femme tente alors de retrouver l’auteur du dit chef d’œuvre et s’aperçoit qu’il est mort deux ans auparavant… Dès lors, Henri Pick devient un mystère et son roman un best seller ! Alors, oui, nous avons envie de savoir qui est cet homme, mais bon, l’histoire est un peu cousue de fil blanc. En revanche, l’on est séduit par une certaine subtilité dans la réflexion, qui vise à aborder des sujets plus généraux. Des sujets qui nous ramènent cependant à l’écriture, la publication d’une œuvre, le rapport d’un auteur à son œuvre. Il est évident que David Foenkinos s’amuse à orchestrer le principe de la mise en abyme de manière originale. L’histoire progresse par cercles concentriques et les personnages, mêmes les plus insignifiants, voire ceux qui sont morts, gravitent tous autour du mystère dont s’est auréolée l’œuvre de Pick. Savante maîtrise de la narration, art de la formule, la plume de Foenkinos se laisse aller à quelques fantaisies qui rendent ce récit sympathique… Le romancier saisit alors l’occasion de poser un regard acide sur le monde de l’édition, vaste machine à détruire ou encenser une œuvre. C’est à se demander à quoi peut bien tenir le succès d’un auteur…
Ainsi, Le mystère Henri Pick, est une histoire au sens littéral et littéraire du terme. Œuvre légère et parfois un peu décousue, où l’on perçoit cependant l’envie de s’épancher d’un auteur, qui s’interroge sur le sens de l’écriture.

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