Les assassins de l'aube
La Guadeloupe, dans la plupart des esprits, c’est une île paradisiaque, où on s’imagine, quand on est en métropole et qu’on a froid, dans un éternel été, avec des lagons qu’on imagine bleu turquoise, des corps bronzés allongés, ou sur chaises longues un verre à la main, sûrement de rhum, délicieux à en tomber, de la musique, le farniente et tous les autres clichés. Mais c’est là aussi que vont avoir lieu des crimes à l’air rituels, des mises en scènes macabres qui évoquent un passé dramatique, celui de l’esclavage et de la colonisation.
Qui a tué ainsi ? Et pourquoi s’en prendre à des personnes sans défense qui passent pour la première fois leurs vacances à Gwada ? Parmi ceux qui y vivent, y travaillent, il y a des autochtones, des fraichement arrivés, des mutés, des revenus au pays… Trois policiers seront les personnages principaux du roman : leurs traits diffèrent, il y a un chabin, Valéric, aux yeux clairs et cheveux blonds malgré sa peau, Amiel, noir homosexuel amoureux qui voudrait tant ne pas être marginalisé et une femme, Jolène, venue de sa Bretagne. Sur ce coin de terre où chacun croit pouvoir vivre heureux, les haines sont vives, les questions de couleurs de peau, de groupes sociaux, d’origines, celle de l’orientation sexuelle , tout comme la foi dans les croyances ou la distance prise par rapport à elles, sont des sujets de rancœur et d’amertume. Lorsque les corps sont retrouvés, chaque jour, avec des indices qui renvoient à des exactions d’anciens colons, les fonctionnaires courent contre la montre de peur que la Guadeloupe, toujours très sensible, ne s’enflamme… L’île ne peut oublier les terribles répressions des siècles passés. C’est dans ce contexte à la fois magnifique et préoccupant par ses crises sociales, à l’aube, jour après jour, que tour à tour Santamaria, un riche entrepreneur, Audrey la jeune française baroudeuse, Chaïma et les suivants vont recevoir un harpon en plein corps sans même comprendre ce qui leur arrive.
On en apprend beaucoup sur cette région du monde, l’auteur sait présenter sans alourdir ; n’oublions pas qu’il a enseigné la géographie politique. Je ne voyais pas ainsi cette île, j’ai compris ce qui s’y vit, tout en tournant avec avidité les pages, je l’avoue, pour savoir qui mourra et qui tuera car ce livre est aussi et avant tout un excellent thriller. Véritable plaidoyer pour ceux qui veulent qu’on se souvienne, c’est un livre qui réunira de nombreux publics.
Lecture conseillée donc !
Les assassins de l’aube, un roman de Michel Bussi
Les Presses de la Cité – 2024
Texte rédigé par Gigi B.
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