Avec un style aussi raffiné que plein d’humour Paul-Armand Challemel-Lacour brosse le portrait de ces penseurs qui font du pessimisme une posture philosophique piquante et opiniâtre. Une invitation bienvenue à la réflexion. pessimistes

Par : Francis Beretti

Dans ces temps où l’on ne manque pas de raisons de broyer du noir (si l’on a encore le droit de s’exprimer ainsi), pourquoi aggraver son cas en méditant sur les pessimistes ? Il faut s’en remettre aux philosophes pour mieux répondre à cette question.

En fait, les auteurs pessimistes peuvent paradoxalement nous aider à mieux supporter la vie en nous incitant à faire preuve de lucidité ; en coupant l’espérance à la racine.

« Le désespoir, lorsqu’il est tonique, peut devenir un remède, parfois, contre la déception »

comme l’écrit André Comte-Sponville dans sa préface à Portraits de pessimistes. De Shakespeare à Schopenhauer, de Paul-Armand Challemel-Lacour (Éditions des instants, 2021). C’est le courage du désespoir, exprimé par Sénèque :

« Tirons notre courage du désespoir même »

L’élite républicaine

Les éditeurs ont choisi de reprendre des extraits d’Études et réflexions d’un pessimiste de Challemel-Lacour ; publié pour la première fois en 1901. Les « portraits » sont au nombre de six. Trois Anglais, (Shakespeare, Byron et Shelley), un Français (Pascal), un Italien (Leopardi) et un Allemand (Schopenhauer). L’auteur faisait partie de l’élite républicaine : premier à l’agrégation de philo en 1849, député, sénateur, membre du cabinet de Jules Ferry, président du sénat de 1893 à 1896. Il fut l’un des premiers à faire connaître aux Français Schopenhauer (« un bouddhiste en Allemagne »).

À lire aussi : Guy de Maupassant, L’expression du désespoir

En faisant l’éloge des pessimistes, Comte-Sponville s’adresse au lecteur : « Habitue-toi à penser que ce sont tes rêves qui mentent et te séparent du réel . Les pessimistes ne font qu’appuyer un peu plus où ça fait mal. Leur breuvage est amer, mais salubre […] Lucrèce ou Pascal ? Leopardi ou Schopenhauer, Cioran ou Clément Rosset. Ce n’est pas par le pessimisme qu’ils valent, mais par la part en eux de lucidité, comme une lumière noire ».


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