Après L’œil du Paon, la journaliste et écrivaine Lilia Hassaine revient avec un second roman : Soleil amer. Elle y aborde la question de l’intégration des populations algériennes dans la société française entre le début des années 60 et la fin des années 80. Une œuvre profondément humaine, qui figure par ailleurs dans la première sélection du Goncourt.

Par : Caroline Vialle

L’après-guerre d’Algérie. Lilia Hassaine reprend l’utopie et la désillusion des algériens que la France est venue chercher entre les années 60 et 80 afin de relancer son économie. Elle n’aura pas eu beaucoup de mal à les convaincre de tenter leur chance de l’autre côté de la Méditerranée tant le pays peine à nourrir décemment son peuple.

Par des phrases courtes qui ne laissent aucune place à l’inutile, elle cerne les émotions des personnages et nous permet dès les premières pages de vivre au rythme de leurs tristesses et de leurs espérances. Les années passent aussi vite dans le roman que ce que Nadja, personnage central du livre, aimerait voir passer sa vie, une vie subie dans laquelle ses origines, son éducation et son illettrisme ne lui laissent aucun choix.

Elle sera néanmoins amenée à en faire pour ses enfants. Ou plutôt à accepter les décisions que son mari prendra pour eux. Avec une injustice terrible entre les garçons et les filles. Entre ses filles même.  Des décisions uniquement basées sur son attachement à la tradition musulmane et les affects qu’il peut avoir pour chacun de ses enfants.

Des choix contre nature, qui achèveront d’enlever à Naja tout espoir de bonheur. Néanmoins, en regardant filer la vie, elle verra aussi chacun de ses enfants assumer son propre destin, plus ou moins choisi, plus ou moins subi. Mais n’en est-il pas ainsi pour chacun d’entre nous ? Quelle est la part de choix dans ce que nous appelons “vivre”?

La vie des cités

Lilia Hassaine raconte la vie des cités à leurs débuts. Ce pourquoi elles ont été construites, de grands villages voulant mélanger cultures et générations, ce à quoi elles ont abouti, clans, racisme, drogues et violences.

La difficulté de la jeune génération à trouver son identification, entre un pays qu’elle n’a jamais connu et auquel elle se sent malgré tout en partie appartenir par ses caractéristiques physiques et bien souvent culturelles, les parents continuant à l’élever dans la tradition musulmane, et la France où elle est née mais où bien souvent tout la repousse et lui rappelle qu’aucune place ne l’attend, et que rien ne sera facile.

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Petit à petit les personnages perdent leur souffle de vie. La vieillesse, les malheurs, les deuils glissent sur eux ; mais ils finissent également par trouver une forme d’apaisement dans leur abandon de la lutte pour le bonheur. La jeunesse, elle, ne trouve aucune forme d’équilibre. Ce sera la gloire ou le déchirement.



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