En ces temps où les figures historiques de Napoléon Bonaparte et de Pascal Paoli intéressent particulièrement les écrivains et universitaires, nous voudrions revenir sur un passage d’un ouvrage remarquable intitulé Tito Franceschini Pietri. Les dernières braises de l’Empire. (Albiana, 2015).

Les auteurs, Elisabeth et Sampiero Sanguinetti, ont dépouillé une somme considérable de documents inédits, plus de quatre mille cinq cents lettres, échangées entre Tito Franceschini Pietri, secrétaire particulier de la famille impériale, et sa demi-soeur Catherine. Même les historiens les plus farouchement républicains reconnaissent que sous le Second Empire, la Corse a bénéficié d’une certaine sollicitude, inhabituelle jusque-là. Dans le cas particulier qui nous intéresse, ce fut un serviteur éminent de ce régime qui contribua à honorer la mémoire de celui qui avait été le modèle héroïque, puis l’adversaire politique de Napoléon. Par l’une de ces intrications de la généalogie, caractéristiques de la société insulaire, Pascal Paoli était le grand-oncle de la mère de Tito. Quand le conseil général étudia les voies et les moyens de rapatrier les cendres du “Père de la Patrie”, et se posa la question du lieu où elles devaient être déposées, Tito fit aussitôt savoir qu’il était bien le propriétaire de la maison natale de Paoli à Morosaglia, et de la petite chapelle voisine. Il déclara qu’il consentait à céder la chapelle et la maison au département. Un don assorti d’une seule demande: que le rez-de chaussée, destiné à servir de logement au gardien du tombeau soit donné à l’aîné de la famille Tomasi. “Cette famille”, dit Tito, “a habité la maison depuis l’époque où les événements forcèrent Paoli à quitter la Corse et elle a été maintenue par tous ses héritiers, avant moi, en raison de son dévouement à Paoli et de services rendus à sa cause par tous ses membres”. (p.124) Après la défaite de 1870, Tito avait suivi l’empereur et sa suite dans son exil en Angleterre. Il est bien placé pour prendre en charge toutes les démarches à effectuer. On savait depuis longtemps que Paoli avait été inhumé dans le cimetière de Saint-Pancrace, à Londres, mais Tito nous livre des détails concrets peu connus, sur l’état du tombeau, quatre vingt deux ans après: “Il s’agit d’un caveau en briques, d’une profondeur de trois mètres, fermé par une voûte également en briques. Le tout était surmonté d’un modeste monument sur les côtés duquel étaient des inscriptions que j’ai fait relever. Une inscription sur une plaque carrée, également en plomb, scellée au cercueil, rappelle le nom du général avec les dates de sa naissance et de sa mort” (p.125).

Ce n’est là qu’un petit extrait concernant l’histoire de la Corse; on trouve dans Tito Franceschini Pietri bien d’autres informations touchant non seulement à l’histoire familiale, mais aussi à l’histoire politique nationale et même internationale. Autant de pépites qui avaient été méticuleusement et miraculeusement conservées dans une haute malle en bois sanglée de cuir: quarante-cinq années de correspondance, entre 1870 et 1915, qui ont fait l’objet de quarante années de décryptage et de classement effectués par Elisabeth Ricard-Sanguinetti.

Ce travail scrupuleux et de longue haleine mérite bien un nouveau coup de chapeau, ou, pour mieux dire, afin de rester dans le ton, il mérite que les auteurs soient salués au passage par une inclinaison respectueuse d’un haut de forme comme celui qu’arbore avec une désinvolture élégante le gentleman corse dont la photographie illustre la page de couverture.     

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Informations utiles

Elisabeth et Sampiero Sanguinetti, Tito Franceschini Pietri. Les dernières braises de l’Empire, Ajaccio, Albiana, 2015, 248p., 16 euros.


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