Georges de Zerbi, U rimitu di u collu à Boziu, éditions Albiana,
coll. Calamaii, 2011

par

La mémoire de la « pieve »

Après son premier roman  L’ultima pagina  Ghjorghju de Zerbi nous
offre U rimitu di u collu à Boziu , histoire d’un étudiant de l’université de Corti Ghjuvan Francescu qui prépare sa thèse précisément sur l’histoire de sa région du Boziu. Au lieu d’entamer une recherche classique le jeune homme s’intéresse davantage à certains dits villageois, à certains signes mystérieux qu’il lit sur paysages de sa région de montagne parfois même avec l’aide de sa grand-mère ou du tailleur de pierre du village. Un caractère franc et loyal, une volonté de faire pour le mieux face aux obstacles qui ne manquent pas, lui feront découvrir peu à peu d’étranges éléments qui s’inscrivent dans l’ancienne mémoire d’une « pieve » fière et
courageuse.


L’intérêt de l’enquête personnelle que le jeune homme mène de son
propre chef tient aussi au climat fantastique que l’auteur a su installer dans son récit : surprises, constats étonnants, coïncidences étranges invitent le lecteur à cheminer à son côté tout au long, à trembler et espérer avec lui, à mesure qu’il avance et se persuade d’une vérité historique générale corse ou locale et aussi d’un point de vue plus proche, celui d’une vérité familiale et même intime. C’est à un voyage passionnant que nous invite ici ce livre, un voyage dans une Corse moderne et villageoise d’aujourd’hui, qui ne renie ni l’histoire ancienne ni sa culture enracinée, un voyage dans une
société contemporaine telle que nous la connaissons d’expérience, avec
ses comportements habituels, raisonnables ou têtus, insouciants ou
attentionnés, un ensemble qui séduira celui qui le découvre, jeune ou
moins jeune, grâce aux nombreux signes possibles de connivence et
d’identification.


Sans parler de la force convaincante d’une langue soignée et précise,
avec ses mots parfois précieux, ses formes et ses formules à la fois archaïques et poétiques, une langue qui témoigne de la sensibilité et
de la bonté naturelle d’un auteur qui atteint avec ce second ouvrage
un degré de plus dans son talent narratif.
C’est là aussi une qualité que peut apporter le roman moderne, genre fort changeant qui mêle à plaisir fiction et réalité, et il peut ainsi communiquer cette étrange pouvoir de nous faire découvrir des mondes nouveaux, même lorsqu’ils sont proches et très fréquentés.

Réédition d’un article de 2011

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