Samedi 10 et dimanche 11 décembre 2016, Musanostra participait à deux événements littéraires organisés dans le cadre du Festival Enigma altri scritti : le premier était consacré à la traduction et aux nègres littéraires ; le second au sacré. 

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Les écritures discrètes des traducteurs et des nègres littéraires

Animée par la présidente du Festival Enigma altri scritti, Nathalie Malpelli, assistée dans cette tâche par Bénédicte Giusti Savelli et Kévin Petroni, cette rencontre avait pour but d’expliciter le travail de Jacques Mailhos, traducteur entre autres de Joe Gierach pour la maison d’éditions Gallmeister. Célébrant en 2016 ses dix ans, la maison d’éditions parisienne s’est spécialisée dans la publication des ouvrages tournant autour du nature writing, soit un mouvement littéraire né au XIXe siècle autour de Thoreau et de Carson qui avait pour but de résister à l’industrialisation des États-Unis et d’interroger dans ce but la manière que l’homme avait de recevoir et de de discerner la nature par son langage. Voir comment ce geste de translation linguistique s’opérait permettait justement de comprendre comment une culture, une certaine manière de voir et de construire le monde, pouvait parler à un lecteur francophone, soumis lui aussi aux changements écologiques causés par l’action humaine. De son côté, Denis Parent, scénariste, auteur du remarquable roman Sanguinaires (Robert Laffont, 2016), venait nous présenter la tâche de Jean-François Kervéan, critique littéraire, écrivain, célèbre nègre littéraire ayant écrit dernièrement la biographie de Nabilla. Né avec la littérature de masse au XIXe siècle, vendant son auctorialité contre une forte somme d’argent, le nègre pourrait rester un ouvrier lambda de la grande usine éditoriale française ; cependant, depuis quelques années, le nègre littéraire s’est fait un nom, un nom garant de qualité sur le marché littéraire et chez les people désireux de défendre leur image ou d’apprendre par l’histoire qu’on raconte d’eux-mêmes un peu de leur propre vie. 

Esprit es-tu là ?

Animée par Marie-France Bereni-Canazzi, Anne-Marie Sammarcelli et Kévin Petroni, cette rencontre organisée à la Villa Ramelli réunissait Jacqueline Guerrini, Audrey Giuliani, Gilles Zerlini, Francis Beretti, Jean-Joseph Franchi, autour de l’écriture du sacré. Jacqueline Guerrini, professeur de philosophie au Lycée Giocante, est revenue sur la publication de son ouvrage Conversations (Albiana, 2016), co-écrit avec le Père Gaston Pietri, dans lequel elle évoque la perte de la foi et la recherche d’une nouvelle forme de rapport au réel. Audrey Giuliani, doctorante à l’Université de Corse, a présenté l’état très avancé de ses recherches concernant les tombeaux de notables du Cap Corse. Elle a notamment montré aux membres de l’assemblée les tombeaux de ces Corses d’Amérique élevés au XIXe siècle, tombeaux ayant comme principal intérêt de signifier à la communauté locale la réussite personnelle du défunt. Gilles Zerlini, auteur du roman Chutes ou Les Mésaventures de M.Durand (Matteria scritta, 2016), est venu quant à lui nous livrer les raisons de son intérêt pour les martyrs chrétiens, et plus précisément pour Santa Giulia, Saint Sébastien et Santa Barbara. Selon lui, le christianisme aurait travesti les dieux grecs en icônes asexuées alors que l’histoire des saints se caractérise par un fort érotisme. Une lecture de son texte, Saint Sébastien, martyr transpercé de flèches, image de l’homosexualité, a montré la pertinence et la qualité de cette réécriture. Francis Beretti, professeur émérite à l’Université de Corse, a évoqué l’ouvrage de Philippe Costamagna, conservateur du Musée Fesch, Histoire d’Oeils (Grasset, 2016). Comme il existe des nez dans le monde du parfum,  il y a des « oeils », des spécialistes ayant pour tâche de reconnaître l’authenticité des tableaux de maîtres, qui fondent la foi dans le pictural. Laurent Bindi, avocat, a invité les participants de cet événement à la lecture du Journal intime d’Amiel, auteur du XIXe siècle, se servant de l’écriture diariste pour revenir sur la crise spirituelle, politique et morale agitant l’Europe depuis la Révolution française.


 

Ils en ont parlé

Christophe Laurent, Corse-Matin

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Alain Camoin, Corse-Matin

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