lu par Monique Mondoloni

C’est là le premier roman d’un jeune auteur colombien, James Cañon, expatrié à New York, qui a obtenu en 2008 le prix du premier roman étranger.
Ce roman s’inscrit dans la veine du réalisme magique propre à la
littérature sud américaine et de fait, le lyrisme de Garcia Marquez
n’est pas loin.
Un matin de novembre 1992, dans un petit village reculé de Colombie,
Mariquita, où la vie s’écoule agréablement, l’horreur est au rendez-vous.
Tous les hommes du village sont emmenés de force par les guérilleros
ou tués en cas de résistance. Ne restent que des femmes éplorées.


James Cañon va au fil des différents chapitres, comme dans un feuilleton, nous conter l’histoire de ces femmes abandonnées dans ce pays machiste.
Tout ne sera pas facile pour elles car elles vont devoir apprendre à
vivre seules.
Le village va toutefois gagner en autonomie, se redresser et les femmes de soumises, effacées vont s’affirmer, se libérer et s’assumer.
La structure de ce roman est originale et le rythme du roman est en
conséquence très réussi.
A chaque chapitre, correspond un temps de l’histoire passée et présente de Mariquita et l’occasion de faire la connaissance de ces villageoises.


Ce sont des personnages hauts en couleur, felliniens comme par exemple
la Veuve Morales et ses trois filles au prénom de fleur (Gardénia, Magnolia et Orquida) mais qui sont velues, vilaines et pour l’une à l’odeur nauséabonde, Rosalba, la veuve du brigadier de police, une as du ménage et qui sera désignée maire de Mariquita du fait de son autorité naturelle, Francisca la veuve du Barbier avare qui découvre sous son lit un magot etc…


Entre deux chapitres est insérée la courte chronique d’un reporter
américain. Sans sentimentalisme, il rapporte la réalité de la guerre
civile en Colombie, de cette violence qui existe depuis tant d’années.
Le témoignage des guérilléros, des groupes paramilitaires d’extrême
droite, de l’armée nationale, des enfants soldats, des paysans déplacés, bref de tous ceux qui sont concernés….est recueilli. Les interventions sont brèves, denses et démontrent simplement l’horreur de toute guerre.
Mais à part ce reporter, me direz-vous, n’y a-t-il vraiment pas
d’autres hommes dans ce roman?
En fait, quelques rescapés de la gent masculine ou d’apparence masculine ! sont restés à Mariquita comme Julio, le fils de la Veuve Morales mais qui se comporte en fille depuis ce matin de novembre 1992, Pablo et Santiago amis d’enfance devenus amants, le Padre Rafaël, prêtre lubrique ou quelques adolescents incapables d’assurer une descendance mâle…


Mais leur présence ne permettra pas de régler l’anarchie qui existe dans un premier temps à Mariquita. L’évolution du village ne se fera qu’avec la seule volonté des femmes et la mise en place d’une communauté d’inspiration socialiste où la féminité est consacrée.


L’auteur fait ainsi la part belle à ces femmes qui contrairement aux hommes dominés par la violence réussissent à créer un monde d’égalité,
de tolérance et d’amour.

James Cañon avec ce premier roman a su donner vie à cette histoire de
façon très imaginative. Son récit est luxuriant, les situations baroques, burlesques mais aussi grinçantes (la politique, la religion, le poids des traditions sont bien égratignés).


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