par joseph Salviani


L’Afrique, continent de toutes les convoitises, à la fois si proche et si lointain, l’Afrique réservoir de talents, terroir de productions artistiques, nous donne l’occasion de mettre en lumière l’une de ses enfants : Mariama Bâ.Mariama Bâ, fille du Sénégal élevée par ses grands-parents, grandit au milieu des années 30 dans une famille de confession musulmane. A l’issue d’une scolarité brillante, elle décroche son diplôme d’institutrice et enseigne durant une dizaine d’années. Mère de douze enfants elle s’éteindra en 1981.Son roman Une si longue lettre permet au lecteur d’entrevoir ce qu’était la vie des femmes au sein de la société sénégalaise.

Le lecteur y découvre une pratique inconnue, la réclusion, période imposée par la tradition et qui amène la rédactrice de cette lettre, Ramatoulaye, à se plonger dans une réflexion approfondie sur ce que fut sa vie. Cette lettre,
adressée à son amie interprète installée aux Etats-Unis, permet de mieux comprendre les espoirs mais aussi les déboires de cette jeune femme imprégnée de croyances, tournée vers un avenir qu’elle imaginait sans embûches. Son écriture à la fois simple et attachante peut apparaître comme un chant d’espoir où toutes les femmes des sociétés africaines, portant un lourd fardeau et traversant des moments de doutes, peuvent se mettre à croire en des lendemains qui chantent.


Ceux qui parcourent ce roman, approchent le quotidien de ces femmes,
admirent le courage de ces dernières enfermées dans une société où polygamie et humiliations constituent l’ ordinaire.Le tour de force de Mariama Bâ reste d’avoir su montrer les choses telles qu’elles sont sans aucune complaisance ni cliché. Imprégnée de traditions mais aussi tournée vers davantage de modernisme, elle a su concilier deux positions qui paraissent inconciliables. Une réflexion semble résumer l’état d’esprit de cet écrivain : « Je t’avertis déjà, je ne renonce pas à faire ma vie. Malgré tout – déceptions et humiliations – l’Espérance m’habite. C’est de l’humus sale et nauséabond que jaillit la plante verte, et je sens pointer en moi des bourgeons neufs ».

Son ouvrage prend ainsi l’accent d’un extraordinaire message d’espoir que
chaque humain devrait porter en lui : confiance en l’avenir, joie de vivre, cri du cœur, constat lucide.  « La vie est un éternel compromis » : voilà probablement la phrase qui caractérise le mieux l’auteur. Au delà de l’Afrique le roman reste un magnifique chant d’amour adressé à toutes ces femmes victimes de brimades, élevant leurs enfants dans un quotidien difficile. Ni amère, ni revancharde elle n’hésite pas à affirmer l’inévitable et nécessaire complémentarité de l’homme et de la femme, l’amour étant le joint naturel entre ces deux êtres. Ces quelques termes résonnent comme une ode à la tolérance, au respect, à l’ouverture vers l’Autre.Aussi le lecteur qui s’apprête à refermer ce livre ne peut que souscrire volontiers à l’idée que cette lettre paraît bien courte tant le plaisir de la lecture fut grand.


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