par jacqueline Geronimi
Né en 1913, décédé en 2008, Aimé CESAIRE poète antillais de la Martinique, a balayé le XXème siècle de son existence. Auteur engagé, il n´aura de cesse de fustiger le colonialisme et le racisme sous toutes ses formes.
Elève brillant il fera des études supérieures à Paris. Lorsqu´il rentre chez lui, il a dans ses bagages Cahier d´un retour au Pays Natal . On est en 1939. Cahier d´un retour au Pays Natal , c´est un monologue, un immense
poème en prose où le narrateur laisse éclater sa désolation, sa rage, son amour pour le peuple, la terre dont il est issu et qu´il retrouve après une longue absence.
Il dépeint la misère des Antilles en commençant par une petite phrase qui revient comme une litanie : « Au bout du petit matin » comme on dirait « au bout du petit chemin ». Le petit matin, c´est l´aube avec ces toutes les promesses, les attentes qu´elle porte en elle ; à peine né et sitôt avortées.
Rythmée par ce « bout du petit matin » la prose du poète va décrire une société misérable de « no future », une société malade. La misère, la laideur, la souffrance, pire, la soumission de ce peuple frère est intolérable pour le narrateur.
Ce faisant il devient le porte-parole de tous les colonisés, les exploités, laissés- pour- compte d´Afrique, d´Amérique et d´ailleurs. Le conteur ne se contente plus de se lamenter ; en continuant à jeter en pleine lumière tous les dommages, les sévices subis par les siens, au cours des siècles il ´insurge maintenant contre l´ordre colonial. Et puis c´est le : « J´accepte » (on dirait auj. j´assume), un réquisitoire contrel´esclavage : sévices physiques, sévices moraux, rien n´est épargné. Césaire affirmera dans un entretien :« Nègre je suis, Nègre je resterai ». En acceptant ce qu´il est , le noir, l´ancien esclave avec toutes ses tares, va se réapproprier sa culture,
son identité.
Les mots grossissent, ils se font durs, très durs, la colère gronde :*ceux qu’on domestiqua et christianisa ceux qu’on inocula d´abârtadissement. Il dénonce avec fureur le bon petit nègre exploité, tyrannisé, annihilé.
Un autre danger enfin : l´assimilation, que le narrateur n´accepte pas
cette fois, ce piège à esquiver, pour se réapproprier son identité .
Le poème s´enfle, va crescendo pour atteindre le bouquet final : la révolte . Le moi retrouvé et plus que cela, la naissance d´un nouvel homme. Voici venu le temps de la revanche de l´homme noir : maintenant il sait, il peut se libérer. Il va pouvoir vivre sa négritude librement, pleinement.
*et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l´intelligence, de la force
* Et elle est debout la négraille…/la négraille assise/inattendument debout /debout dans la cale/debout dans les cabines/debout sur le pont /debout dans le vent/debout sous le soleil/debout dans le sang/debout
…et libre
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