Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé
Prix Goncourt
J’ai pris ce livre en pleine figure. Un de ces livres dont on sait déjà au moment où on le referme qu’on va le rouvrir.
Tout d’abord pour son écriture: une écriture simple composée de phrases brèves, souvent dépourvues de mots de liaison, rendus inutiles par un ajustement qui rappelle les murs de pierres sèches des pays méditerranéens. Une écriture sans fioritures inutiles, ou chaque mot dit ce qu’il doit dire et renforce les autres. Un style âpre comme la terre et les hommes qu’il décrit.
Ensuite, les personnages sont des sauvages, c’est à dire des êtres naturels, dépourvus de ce vernis de civilisation qui lisse les caractères, les sentiments et les actes. Ils sentent la sueur car ils savent qu’elle est noble, qu’elle est la marque de l’homme qui travaille, qui construit. Ils se définissent eux-mêmes comme des « culs-terreux au sang pur. De pauvres bougres à la face ravinée par le soleil, aux mains calleuses mais au regard droit (…) nous sommes peut-être des miséreux et des ignares, mais pour avoir fait de l’huile avec des caillasses, pour avoir fait tant avec si peu, nous serons sauvés ».
Ce livre, enfin, est une leçon de vie, chaque personnage a comme principal souci la transmission. Que transmettre à ceux qui suivent ? La passion du travail ou le fruit du travail ? Alors on construit puis on brûle, on donne ou on déshérite, non par haine des siens mais parce qu’on les aime ; parce qu’on sait que le travail, la souffrance permettent de se sentir vivants. Quand l’homme n’a plus à lutter pour sa survie, il perd le goût de la vie. Ce savoir est la vraie richesse que l’on doit léguer aux siens. Car si « la vie s’achève. Tout continue pour d’autres que nous ».
Leur force, les Sforza la puisent dans la terre, la mer, le soleil. En cela, ce livre fait penser à Bosco et à son Mas Théotime, autre livre ou nature et humanité se retrouvent comme aux premiers temps du monde
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