Mollusque est le premier roman de la jeune auteure ajaccienne Cécilia Castelli. Ce roman nous plonge au cœur d’une histoire d’amitié entre deux quinquagénaires, jusqu’à la métamorphose spectaculaire de l’un d’eux.

Par : Caroline Vialle

Cécilia Castelli signe, avec « Mollusque », un premier roman en 2018 qui préfigure déjà un style bien à elle, affirmé et confirmé dans les deux livres qui suivront successivement en 2020 avec «Frères soleil » et 2022 avec « Peupler la Colline », tous deux aux éditions Le Passage. Un style déroutant, qui nous ramène toujours vers une forme d’enfance dans ce qu’il contient d’imaginaire, de bouleversant, de touchant.

Comme l’arapède à son rocher

C’est l’histoire d’une amitié à la vie à la mort, de deux adultes qui pourraient être deux ados, c’est l’histoire de Gérard et de Patrice. Cécilia place le narrateur dans le livre, et c’est à travers les yeux et les émotions de Gérard que l’aventure de Patrice nous est contée. La relation se savoure dès le départ essentiellement à table, les deux amis, un peu esseulés dans la vie, se raccrochant éperdument l’un à l’autre, déjà peut-être comme l’arapède à son rocher (cela préfigure-t-il la suite de l’histoire ?).

Avides de bonne bouffe, ils se retrouvent fréquemment au Rhino, restaurant gastronomique de coquillages et crustacés. En surpoids, un peu plus ou un peu moins, ils apaisent leurs solitudes respectives dans des agapes partagées. Mais c’est justement ce poids, pour l’un de plus en plus lourd, pour l’autre de plus en plus léger, qui va être à l’origine de tout. Que voit réellement Gérard ? Quelle est la part de son imagination et de la réalité dans la transformation de son ami ?

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Dans l’amitié exclusive que peuvent vivre parfois les adolescents, comme celle que vivent Gérard et Patrice à un âge qui ne relève déjà plus de cette trouble période, n’a-t-on jamais vu celui qui délaisse l’autre pour une jolie fille se faire traiter de…mollusque ? Lui sont fréquemment reprochés ses changements de comportement, son éloignement, son désir de plaire. De ne plus vouloir sortir, s’enivrer et faire la fête ? Quelle part joue le sentiment d’abandon qu’éprouve Gérard dans la façon dont il voit s’éloigner de lui son ami ? Et le souhait, conscient ou pas, de le voir disparaitre pour lui prendre cette petite amie qu’il trouve si frêle et fragile, et qu’il a aussi envie de protéger ?

La bascule du monde insouciant

À travers la fiction et tout au long de cette histoire rocambolesque, c’est bien la description de toute la gamme des sentiments très forts de possession, d’amour, d’amitié, d’abandon et de promesses éternelles éprouvés dans cet âge qualifié d’ingrat qui représente la bascule du monde insouciant des enfants à celui des adultes, qui est décrite par Cécilia. Car ces deux adultes n’ont certainement pas fini leur mue, et l’histoire nous le prouve.
Merci pour ce roman qui mérite d’être lu avec un regard plein de tendresse,

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