Cécilia Castelli née en 1983 à Ajaccio est une plume qui s’affirme dans ce deuxième roman Frères soleil, publié aux éditions Le Passage. Appartenance familiales, attachement à l’île et à l’identité, un roman envoûtant et lumineux qui nous permet d’appréhender les subtilités de l’âme corse.

Par : Caroline Vialle

Cecilia Castelli a décidé de raconter la vie. Ce n’est pas une histoire, ce n’est pas un roman, ce n’est pas une fiction, ni d’ailleurs vraiment une autobiographie. Mais il faut avoir vécu néanmoins cette vie là, avoir marché pieds nus du mois de juin à celui de septembre sur une terre que chauffe à blanc le soleil de midi, avoir passé une adolescence nonchalante à bronzer sur le sable et prendre des bains de minuit durant les étés où le temps s’arrête, pour comprendre qu’elle ne raconte pas.

Elle re-vit. Pour écrire ainsi, Il faut aussi avoir vécu au bord de la Méditerranée, grandi en Corse et étudié à Marseille, connu l’arrachement du sol natal pour être propulsé à la faculté de médecine/pharma Bd Jean Moulin, connaître la rue Crillon et les bars où se retrouvait la diaspora corse dans les années 90.

L’appel de l’île

C’est un hommage à la famille, au courage, à l’honneur et aux traditions de son peuple, mais c’est aussi un hymne à la vie et au soleil, à l’été, à la jeunesse et à l’amour. Elle décrit cette jeunesse qui rêve d’ailleurs mais est conditionnée dès le départ pour n’être bien que chez soi, que l’appel de l’ile ne cesse de ramener dès que l’éloignement dure un peu trop longtemps. Pour la famille, quelques jours sans son enfant sont déjà quelques jours de trop.

Elle raconte l’histoire de Remi, né à Toulon mais qui ne se sent que d’ici, et de Martine, née en Corse et qui n’arrive pas à vivre ailleurs. Elle raconte l’histoire de Simon, de Maria, les exigences du père, la force de la mère, le mutisme et la rigueur de Baptiste, la beauté ténébreuse de Christophe aux âges où l’on découvre, où l’on se découvre. 

C’est à la fois léger et fort. Ce qui est léger c’est l évocation de ces étés brulants et de cette langueur des corps. Ce qui est fort c’est l’expression de chaque destin en ce qu’il porte de plus banal et de plus tragique.

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Vouée à la tragédie

Le livre dérive sur cette jeunesse corse qui semble éternellement vouée à la tragédie : accidents de route au volant de voitures puissantes, tentations de l’argent facile, fréquentations d’une voyoucratie souvent issue de la bourgeoisie que la population locale côtoie, voir admire quotidiennement, et qu’elle a depuis longtemps accepté de maintenir intégrée dans la vie locale.

Remi sera emporté comme tant d’autres sur ce chemin de la facilité. Il ne s agit que de choix, et il suffit d’un moment pour faire le mauvais et qu’une vie bascule. Entraînant avec lui les espoirs de ses parents qui pensaient lui avoir tout donné. 

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