La réception de Pascal Manoukian, lors de la remise du prix Musanostra 2017, le mardi 21 mars 2017 a eu lieu à l’Alboru, à la médiathèque des quartiers sud de Bastia. Nous avons été accueillis par l’équipe de la médiathèque et sa responsable, madame Jocelyne Casta.
Pascal Manoukian en quelques dates et mots , merci à Dragen Benedetti
1976 :
Membre de l’expédition Yacumo. établit un premier contact avec une tribu d’indiens d’Amazonie colombienne les « Macujé ». Huit mois d’expédition en totale autonomie en forêt.
1977 :
Amérique du Sud : Aide routier au Panama, portier d’hôtel à Guayaquil, coupeur de canne à au Pérou.
1978/1989 :
Photo reporter indépendant spécialisé dans la couverture des conflits (Liban, Pologne, Cambodge, Kurdistan, Mer de Chine, Afghanistan) (Time, Newsweek, Match, l’Express)
1989/2016 :
Journaliste à l’agence Capa spécialisé dans la couverture des conflits (Irak, Bosnie, Palestine, Somalie) et les documentaires de société. Puis rédacteur en chef, Directeur de la rédaction Directeur Général.
2009/2014 :
Professeur à Sciences Po Paris, dernière année de Master en journalisme.
1984 :
Auteur du « Fruit de la patience » Édition Le Centurion, récit sur ses origines arméniennes
2013 :
Auteur du « Diable au creux de la main » Éditions Don Quichotte, récit sur des années de journalisme.
2015 :
Auteur des « Échoués » Éditions Don Quichotte.
2016 :
N’exerce plus aucune fonction chez Capa.
Redevenu reporter indépendant.
Se consacre entre autre à l’écriture.
2017 :
Ce que tient ta main droite t’appartient, Editions du Seuil
Voici un article d’Hervé Cheuzeville concernant deux des romans de l’écrivain et journaliste.
Je viens de lire, coup sur coup, deux livres de Pascal Manoukian. J’avoue qu’avant cela, je ne connaissais rien de cet auteur, ancien reporter de guerre, ancien responsable de l’agence Capa.
Le premier livre, Le diable au creux de la main, est paru en 2013 aux Editions du Seuil. Cet ouvrage constitue en quelque sorte les « mémoires » de ce baroudeur qu’a été Pascal Manoukian pendant plusieurs décennies. Il nous entraîne de conflit en conflit, de la jungle du Guatemala en 1978 aux rues de Sarajevo en 1993. Avec, en filigrane, la tragédie arménienne. Pascal Manoukian n’oublie jamais ses origines. Les récits du premier génocide du XXe siècle ont accompagné son enfance (je ne pouvais décemment pas écrire « ont bercé son enfance ») et l’ont durablement marqué. Dans certains visages de victimes rencontrées dans les conflits qu’il a eu à couvrir, à travers le monde, il lui semble souvent retrouver celui de sa grand-mère qui survécut à l’indicible. Ce livre n’incite pas à l’optimisme. Je l’ai malgré tout aimé car, au fil des pages, je me suis peu à peu identifié à l’auteur, ayant, moi aussi, traversé de nombreux conflits à travers le monde. Nous avons tous les deux parfois arpenté les mêmes zones ravagées par la haine et la violence, sans jamais nous rencontrer et parfois à des époques différentes. Nous ne faisons pas toujours la même analyse de ces conflits, mais nous partageons le même amour de l’humanité. Le style de Manoukian est plaisant, souvent même poétique, mais la noirceur, parfois l’horreur, de que ce qu’il décrit, ne font certainement pas de son « Diable au creux de la main » un livre divertissant. C’est cependant un ouvrage plein d’humanité dont je recommande la lecture.
Le second livre que j’ai lu, que dis-je ? que j’ai dévoré, c’est Ce que tient ta main droite t’appartient, un roman haletant paru cette année, toujours aux Editions du Seuil. J’en ai terminé la lecture en deux jours. Quand on le commence, il devient vite impossible de le lâcher. Certes, il est tout aussi noir et pessimiste que le « Diable au creux de la main ». Mais il s’agit là d’une œuvre de fiction. L’auteur cède la place à ses personnages même si, dans ce livre également, la tragédie arménienne n’est pas complètement absente. Le récit est d’une brûlante actualité. Manoukian a visiblement été profondément marqué par l’horreur des attentats parisiens du 13 novembre 2015 dont il s’est inspiré. Il nous entraîne dans une plongée au bout de l’horreur djihadiste et du désespoir, des banlieues de France jusqu’au fin fond des territoires contrôlés par le pseudo « État islamique », en Syrie. L’auteur démonte de manière magistrale la stratégie des adeptes de ce groupe pour prendre le contrôle du cerveau de jeunes gens en perte de repères et de vraies valeurs. Dans les circonstances présentes, c’est donc un livre à lire, pour cesser de prétendre que l’on ne savait rien du péril mortel qui menace notre société. Le style de Manoukian est tout aussi agréable et poétique que dans le premier livre, même si ce second ouvrage est d’un genre bien différent. Avec Ce que tient ta main droite t’appartient, Pascal Manoukian s’affirme incontestablement comme un romancier de grand talent. Il est parvenu à me captiver. Jusqu’au bout, je me suis demandé si son triste héros allait s’en sortir vivant. Les dernières lignes du livre permettent au lecteur, de manière assez surprenante, de conclure comme il le souhaite, selon son degré d’optimisme ou de pessimisme…
Pour ma part, je conclurai en disant qu’il s’agit là d’un roman à lire de toute urgence ! J’attends le suivant avec impatience.
Informations utiles
Pascal Manoukian, Le diable au creux de la main, Paris, Don Quichotte, 2013, 18,90 euros
Pascal Manoukian, ce que tient ta main droite t’appartient, Paris, Don Quichotte, 2017, 18,90 euros.
Hervé Cheuzeville, écrivain, chroniqueur à la radio et pour divers blogs, posant des questions très intéressantes à Pascal Manoukian
Son dernier livre Prêches dans le désert aborde l’actualité de façon raisonnée et tire la sonnette d’alarme ; paru aux éditions Riqueti, il nous fait appréhender de façon plus claire, en 33 chapitres, les problèmes qui se posent , comme le dit le sous titre, en divers endroits du monde. Edifiant.
D’autres questions furent amenées par le public, notamment par Janine Vittori et Nathalie Malpelli
En présence du docteur Bernard Benedetti, de son épouse Catherine, de l’épouse de Pascal Manoukian
Remise des prix Musanostra
Le Président du prix Musanostra en français , l’écrivain Marc Biancarelli, romancier, poète, dramaturge, auteur de recueils de nouvelles, d’une pièce de théâtre, d’un recueil poétique et de romans dont Murtoriu et Orphelin de Dieu (éd. Actes Sud), nous a rejoints depuis Porto Vecchio pour décerner le prix . Le lauréat est Daniel Gloaguen avec son texte Galaxies lointaines
Marc Biancarelli lisant la lettre envoyée par Daniel Gloaguen, lauréat, et Pascal Manoukian
Le texte placé second, Le joaillier, est l’œuvre d’un bastiais, Jean-Marc Graziani.
Pour le Prix Primamusa (dédié aux 13-18 ans), la lauréate a 16 ans et se nomme Jennifer Chauvet !
Pour le prix Musanostra « in corsu », Jean Albertini, enseignant , Président de ce concours, a été heureux de féliciter les deux lauréats, Charles Eissautier et Jean-Joseph Franchi dont les textes ont emporté les votes.
Ghjan Ghjaseppu Franchi qui a l’art de séduire les lecteurs ; lauréat de la précédente édition (et de la suivante) avec M. Pierre Savelli, Pascal Manoukian et Marc Biancarelli
Ces remises de prix et les encouragements à participer et à donner à lire autant de beaux textes ont été soutenus par la présence de M Pierre Savelli, maire de Bastia, accompagné de membres de son équipe ; il a rappelé combien est important, selon lui, le rôle de la culture et les efforts faits en ce sens par la ville.
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