Des détectives aux pouvoirs surnaturels, une puissante mafia portuaire, des héros aux noms d’écrivains célèbres. Voilà qui constitue la trame de Bungou stray dogs, un manga au mystère hypnotisant.
Par : Elina Marcelli-Bertrand
«Atsushi Nakajima vient d’être exclu de son orphelinat. Maintenant, il n’a aucun endroit où aller et aucune nourriture. Tandis qu’il se tient près d’une rivière, étant sur le point de mourir de faim, il sauve un homme faisant une tentative de suicide. Cet homme s’avère être Osamu Dazai. Il fait partie d’une agence policière très spéciale…»
Ce manga met en scène des personnages aux pouvoirs surnaturels et leur manière de les utiliser. Certains s’en servent pour le bien de la population, comme ceux de l’agence des détectives armés ; alors que d’autres l’utilisent pour des affaires plus sombres comme la mafia portuaire.
Les amateurs apprécieront vraiment ce manga, empli d’humour et de bonne humeur malgré les thèmes sombres qu’il aborde.
Pour son histoire, l’auteur a choisi de donner les prénoms de grands écrivains japonais. Et pour créer son univers, il s’est servi de leur vie et de leur caractère. Plusieurs de ces écrivains sont cités comme Dazai et Atsushi. Ou encore Akutagawa Ryûnosuke, Edogawa Ranpo, Akiko Yosano, Nakahara Chûya, Francis Scott Key Fitzgerald, qui apparaissent également. Avec cette histoire, l’auteur a rendu hommage à ces auteurs en leur donnant une seconde vie. Et ce, malgré quelques faits qui n’ont pas été respectés. Toutefois, présentons-en certains :
Osamu Dazai.
Osamu Dazai était un romancier, connu pour sa semi-autobiographie La déchéance d’un homme. Il était suicidaire et commit sa première tentative de suicide le jour où il apprit que son idole Akutagawa s’était lui-même suicidé car il ne supportait plus sa maladie. Après cette première tentative, il enchaîna erreur sur erreur avant de réussir à se suicider. La plupart de ses suicides étaient des «shinju» (suicide amoureux).
Dazai avait deux amis très proches qu’il rejoignait au bar Lupin. Oda Sakunosuke et Ango Sakaguchi. Ils formaient un groupe d’écrivains «anarchistes» influencés par Jean-Paul-Sartre ; et considérés comme peu fréquentables ne suivant pas les codes du Japon. La relation entre Oda et Dazai était très forte. Dazai a vu en Oda une personne encore plus malheureuse que lui, et, à sa mort il écrivit un éloge funeste en son honneur.
Dans le manga, Dazai cherche constamment à mourir et broie du noir. Et même s’il possède le pouvoir d’annuler un autre pouvoir qui se nomme «la déchéance d’un homme» ; au fond, il reste torturé. Un trait d’humour bien souligné par l’auteur.
Le parrain
A ses 15 ans, Dazai entra dans la mafia portuaire sous les ordres de Mori, le parrain. Un jour, celui-ci lui posa la question suivante : «Dazai, pourquoi cherches-tu autant à mourir ?» Le jeune homme lui répondit alors par une autre question qui fait frémir : «Penses-tu vraiment qu’il y ait un mérite à vivre ?».
Lors d’une mission pour le compte de la mafia, il rencontra Chuya. Celui-ci, complètement ivre commença à taquiner Dazai jusqu’à le faire presque pleurer. En revanche, il semblerait que Chuya ne supporte pas d’être lui-même taquiné par son coéquipier. Ils feront donc équipe à contrecœur.
Après être monté en grade dans la mafia, il deviendra le supérieur d’Akutagawa, un jeune homme qui, par la suite, fera de Dazai son idole et voudra un compliment de ce dernier.
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Tous les soirs, Dazai rejoignait ses deux compères qui étaient aussi dans la mafia au bar lupin. Ango trahit la mafia tandis qu’Oda finit par mourir. Après ces événements, Dazai va rejoindre l’agence des détectives armés où il rencontrera son nouveau coéquipier, Kunikida Doppo. Il quitte alors cet environnement toxique et commence à aller mieux. Mais il cherche toujours à mourir et demande à toute femme qui passe de se suicider avec lui.
Akutagawa Ryûnosuke
Akutagawa était un grand écrivain, une de ses œuvres les plus connues est : «Rashmôn». Malade toute sa vie, il finit par se suicider car il ne le supportait plus. Après sa mort, on créa un prix littéraire prestigieux à son nom.
Dans Bungou stray dogs, Akutagawa est un des plus forts membres de la mafia portuaire. Il possède un pouvoir nommé «Rashomon». L’une de ses techniques est qualifiée de «tissu de rashomon». Sûrement parce que le héros du livre vole le tissu d’une jeune femme. Mais à vrai dire, Akutagawa a une santé très fragile, tousse souvent, a un teint très pale et est très maigre.
Edogawa Ranpo
Dans Bungou stray dogs, Ranpo est un détective accompli à l’instinct incroyable. Il retrouve les criminels avec très peu de preuves. Dans la réalité, Edogawa Ranpo est l’anagramme de Edgar Allan Poe, écrivain américain qu’il admire. Ranpo est considéré comme le fondateur du roman policier au Japon.
Akiko Yosano
Dans le manga, Yosano est une femme forte, indépendante et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est le médecin dans l’agence des détectives armés. Dans la réalité, elle fut la première féministe au Japon et militait pour les écoles mixtes ; elle imposait ses idées. C’était une poétesse de renom. Son poème le plus connu est Ne donne pas ta vie.
Ce manga est une œuvre à découvrir, encore plus appréciable d’ailleurs pour qui connait les références culturelles. Et même si les personnages ne sont pas encore bien développés, c’est avant tout une œuvre riche et agréable à lire.
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