Ces orages-là de Sandrine Collette, publié aux Editions Jean-Claude Lattès, raconte comment Clémence parvient à s’extirper d’une relation toxique. Repliée sur elle-même, sans amitié, sans famille, sans travail, celle-ci cherche à se reconstruire.

Par : Marie Angeli

Ces orages-là débute de façon intense: nous nous retrouvons dans la tête de Clémence, dans ses pensées; on n’apprendra son prénom qu’à la page 24. Jusque là, on se demande quelle est l’identité de celle qui s’échappe. On se demande si elle est toujours vivante. On la découvre traquée, à bout de souffle, fuyant en pleine nuit, en pleine forêt,  courant dans la nuit noire. Il lui faut alors échapper à celui qu’elle désigne par le pronom « lui ».

Le récit d’une femme confrontée à un prédateur sexuel

Un prédateur à ses trousses l’obsède. Qui est-il ? Pourquoi se livre-t-il à une telle chasse à l’être humain ? D’emblée, Sandrine Collette sait captiver son lecteur. Les chapitres suivants sont plus calmes bien qu’angoissants. Une jeune femme apeurée et anorexique, une jeune boulangère, tente de se reconstruire, dans une petite maison discrète et biscornue, employée dans une boulangerie de quartier où ses collègues l’intègrent vite. Les malaises, crises d’angoisse, moments de déprime se succèdent. Les tentatives de parade face à la montée d’adrénaline ne servent pas à grand-chose. Qu’elle coure ou qu’elle soit immobile.

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Clémence est seule, rongée par la peur de voir réapparaitre le prédateur. Il s’agit de son ex conjoint. Cet amoureux tendre et dévoué s’était transformé en prédateur cruel, sans qu’elle puisse faire entendre son effroi, au point que le salut n’a tenu qu’à sa fuite, à l’effacement de ses traces, à un nouveau mode de vie, loin et dans un quasi anonymat.

Le désir de renaître

Le jardin, l’observation de son voisin, de petites occupations lui permettent de renaître peu à peu. Elle construit son havre de paix. Elle s’enhardit à sortir jusqu’à parfois se mettre en danger pour tester sa résistance à la peur et à l’horreur.  Le vieux monsieur qui  s’occupe de ses plantes, de l’autre côté de la haie, ne bouge pas beaucoup ; il ne la remarque pas. Quand elle fera sa connaissance, elle comprendra qu’il peut l’aider, qu’il devine bien des secrets et des détresses sans même qu’elle se confie. Il faudra bien pourtant affronter ce qui empêche de vivre ; car autrement, on ne vit pas davantage ; on suit ce parcours de vie en se demandant quand arriveront perturbation et résolution.

Ces orages-là : un roman sur la perversion et la manière d’en réchapper

Sandrine Collette signe là un roman sur l’emprise, sur la perversion, sur la maltraitance, sur le traumatisme. Il y a comme souvent chez cette romancière des éléments un peu irrationnels, des personnages qui réapparaissent, des forêts profondes et des passages un peu improbables, des heureux ou moins heureux hasards. Un bon moment de lecture, du bon Sandrine Collette qu’on apprécie aussi bien pour ses romans policiers que pour ses plongées dans l’analyse psychologique.

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Sandrine Collette, Ces orages-là, Paris, JC Lattès, 2021


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