Jean-Pierre Castellani vient de publier Corse Algérie. Mémoires en partage suivies de Carnets algériens (1975- 2020) aux éditions Scudo , Alata 2023.

Né à Ajaccio. Agrégé d’espagnol, professeur des universités, il a enseigné à l’université de Tours (1970-2005). Il  a aussi été chargé de cours à l’université de Corse (1987-2009). Il est membre du Conseil d’administration de l’association Corsica Diaspora, vice-président de la Société internationale d’études yourcenariennes et membre de l’Association internationale des critiques littéraires.
Spécialiste de la problématique de l’autobiographie, il a finalement cédé à la tentation d’écrire la sienne propre. 

Par : Francis Beretti

Double Appartenance

Le professeur Castellani a corrigé trop de copies pour ne pas être conscient des éventuels défauts de sa prose : « ses maladresses, ses possibles répétitions, ses hésitations ».  
Il se justifie en proposant un document authentique et sincère. Il revendique sa double appartenance : à la Corse et à l’Algérie. Ses doubles séjours : à Chidazzo, petit hameau d’Evisa, « un monde minéral austère, avec des hautes maisons de pierre grise toujours sur la défensive », à Alger, à la sensualité méditerranéenne ».

Il note l’écart choquant entre la capitale du temps de son enfance,
« Alger la Blanche, l’Africaine, belle comme ces jeunes femmes sensuelles peintes par Delacroix », admirée par Alexandre Dumas père, André Gide, Louis Veuillot. Alger célébrée par Albert Camus comme il fait pour d’autres « Rivages » de culture méditerranéenne, « De Florence à Barcelone, de Marseille à Alger, tout un peuple grouillant et fraternel nous donne les leçons essentielles de notre vie ».

Indépendance ratée


Alors que l’Alger d’aujourd’hui « a raté son indépendance, comme la France a raté son Algérie française », selon les mots d’un ami du frère de Jean-Pierre Castellani . L’auteur se plaît à noter les coïncidences qui l’attachent encore plus à Camus : tous deux  ont fréquenté le même lycée, partagé le maillot du même club de foot ; il a relu maintes et maintes fois l’éblouissante ouverture de Noces  :

« Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures , la campagne est noire de soleil ».

 Il souligne le douloureux contraste entre la photo prise en août 1931 sur la Place du Diamant, où sa mère élégamment vêtue et rayonnante respire la joie de vivre, et ses derniers moments où , à l’agonie, elle ne peut s’empêcher de dire son intolérable souffrance.

Somme toute, les « maladresses, les répétitions, les hésitations » de l’auteur , ne sont peut-être pas des fautes de composition, mais l’expression du chaos affectif qui le submerge quand il marche comme un fantôme vers son enfance.


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