Dans La Cure, Cécile David-Weill, entraîne le lecteur au cœur d’un centre de remise en forme où se déroulent d’étonnantes péripéties. Un trésor d’humour dans une atmosphère en vase clos.
Par : Anne-Marie Sammarcelli
La cure est le dernier roman de Cécile David-Weill paru aux éditions Odile Jacob en mars 2023.
L’auteure est romancière. Elle a notamment écrit Béguin, Femme de, Les prétendants, Parents sous influence … que des succès !
Ici elle met en scène des personnages enfermés dans le huis clos d’une cure de jeûne dans une clinique d’Espagne. Pendant quelques jours, va se dérouler « la petite comédie du monde » .
Deux « amies » – aux antipodes l’une de l’autre… Christine, sympathique et extravertie, vaguement décidée à perdre du poids vs Brigitte, archétype du personnage détestable : hautaine, sournoise, insolente … – partent en cure.
Beau moment de détente en perspective. Même si l’on devine au départ quelques tensions entre les deux femmes – qu’importe, on les envie !
Les trois autres protagonistes
Jour 1 : Arrivée à destination. Chacune prend ses marques …
Puis elles rencontrent les trois autres protagonistes du récit – Agnès, prisonnière de sa fatigue et de ses fantômes. Marthe, une octogénaire pimpante et Guy, un playboy vieillissant et mystérieux. Échanges plus ou moins cordiaux – on apprend à se connaître…
Voici les personnages fortement contrastés de cette histoire.
Le temps de la cure, ils mettent leur vie entre parenthèses, et cette vacuité va les pousser à l’introspection. Retour sur leurs histoires personnelles voire intimes. Une sorte de réminiscence plus ou moins amère, plus ou moins assumée par chacun.
Et les multiples petites intrigues qui s’enclenchent rapidement sont l’occasion de révéler ce qu’ils cachent à eux-mêmes et aux autres : angoisses, obsessions, traumatismes.
De même que l’humour du début, le vernis des apparences s’écaille donc au fil de l’histoire, dévoilant leur vraie personnalité.
J’ai beaucoup aimé !
La finesse de l’auteure est de ne jamais forcer le trait, de ne pas tomber dans la caricature. Mais juste brosser une galerie de portraits où chacun est en représentation. Des personnages d’un réalisme parfaitement crédible donc.
Le lecteur n’est pas dépaysé car dans cette satire sociale, on reconnaît le paraître et les faux- semblants : des amitiés qui n’en sont pas, des intérêts déguisés, des attitudes opportunistes, des pensées dissimulées…
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la parenthèse bienfaitrice
La dimension psychologique du roman est aussi indéniable, on devine que la cure n’est qu’un prétexte : la parenthèse bienfaitrice ( les soins, les consultations médicales, les menus des repas… le déroulé d’une journée ordinaire ) devrait libérer les chakras … Mais force est de constater que les personnages ont du mal à lâcher prise ; il leur faut meubler ce temps de l’inaction, sous peine de voir blessures et secrets ressurgir… Aussi, aucun d’eux n’y échappe-t-il !
Ce qui nous renvoie, nous autres lecteurs, à l’obsédant, à l’inavouable, à toutes les ombres menaçantes dans notre société de l’apparence : nos failles, nos doutes, nos faiblesses, quoi !…
Un beau moment de lecture !
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