Alain Franchi nous présente le beau livre de Valérie Biancarelli consacré à l’artiste Ginette Cals et publié aux éditions Albiana.
La qualité première d’un grand artiste est sa grande humilité. Valérie Biancarelli le sait bien, tellement la vie et l’engagement à tout point de vue de l’artiste dont elle nous parle ici, Ginette Cals, est sans faille. Il en est des artistes un temps inconnu du grand public comme des montagnes que l’on aperçoit dans le lointain. A peine les connaissons-nous qu’ils remplissent notre regard de leur présence sans que l’on ait besoin d’en entendre parler à tout bout de champs. Ces artistes sont d’une autre trempe et tiennent le spectateur en haute estime en guidant son regard.
Le « punctum » terme emprunté à l’ouvrage de Roland BARTHES, La Chambre claire, s’adresse avant tout à la photographie, mais trouve dans les œuvres de Ginette Cals toute sa légitimité. Le punctum, écrit Barthes, c’est « (…) ce hasard qui en elle, (l’image) me point (mais aussi me meurtrit, me poigne) ». Ce hasard, existe dans les œuvres de Ginette Cals et se lit dans chacune des rencontres auxquelles l’artiste nous convie. Ces portraits qu’elle donne à voir nous poigne pour reprendre l’expression de Barthes. On perçoit dans ses œuvres la grande sincérité avec laquelle l’artiste a traité son sujet. L’œuvre d’art, chez Ginette Cals, rapproche autant qu’elle montre, elle rapproche celui qui regarde, le spectateur, de la « chose » représentée, l’osmose est parfaite et l’identification réussie. Fruit du hasard et d’une maîtrise absolu de la technique.
Une chanson qui ne vieillit pas et dont la mélodie s’inscrit à jamais dans la mémoire est le signe d’un grand auteur, dit-on. Il en est de même pour les œuvres d’art.Là où le spectateur se trouve l’œuvre croît. Les œuvres de Ginette Cals sont le résultat aussi des silences dont l’artiste fait preuve devant la toile. Ces silences se mesurent aisément dans chacune de ses œuvres tellement l’artiste déploie sous nos yeux ébahis, l’éventail de tout son talent.
De la peinture au dessin en passant par la sculpture cette artiste complète ne recule devant rien lorsqu’il s’agit de dire. Son talent premier est de rendre leur l’humanité aux sujets choisis. Pour avoir été au centre des préoccupations de l’artiste le sujet n’en perd pas pour autant son âme. Il se trouve transfiguré. Le lien essentiel tissé par l’artiste nous unit avec une familiarité déconcertante aux sujets représentés. Un sourire, un regard fuyant, les yeux fermés d’un homme au visage buriné, aussi bien qu’un paysage renvoie le spectateur à une histoire qui rejoint la sienne. L’œuvre de création est présente à chaque coin du tableau. Elle est à la fois le motif récurrent et la part unique, le don personnel de l’artiste, elle signe par là sa profession de foi et nous confirme la qualité de son engagement.
Informations utiles
Valérie Biancarelli, Ginette Cals, Ajaccio, Albiana, 2016, 438p., 49 euros.
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