INTERVIEW – Durant le confinement, nous avons voulu prendre des nouvelles de Julien Battesti, l’auteur du prodigieux roman, L’Imitation de Bartleby, publié dans la collection L’infini des éditions Gallimard.
M: Pourquoi avoir choisi d’écrire sur Bartleby ?
J.B: Le livre tourne en effet autour de la figure de Bartleby, mais c’est le téléscopage avec l’histoire de Michèle Causse qui a suscité l’écriture. La conjonction entre ces deux personnages, l’un fictif, l’autre réel, a fait naître la voix du narrateur, et donc le roman, qui est le troisième terme de la rencontre.
M: Melville est-il un de vos écrivains préférés ?
J.B: Bien sûr ! Moby Dick ou Billy Budd, par exemple, sont des livres que je lis en transpirant. Par ailleurs, sa correspondance avec Hawthorne est un des documents les plus précieux pour une initiation à la littérature.
Vous êtes publié chez Gallimard, dans la collection L’Infini. Que représente cette collection pour vous ?
J.B: Mon désir d’être publié à L’Infini n’était autre que celui d’être publié par Philippe Sollers, un écrivain que j’admire depuis longtemps. Une seule page de Femmes ou de Paradis est échangeable contre des bibliothèques.
M: Quelle est votre conception du roman ?
J.B : C’est un défi lancé au réel, un colis piégé. Mais le roman est aussi parole adressée et, en tant que tel, acte d’amour.
M: Qui lisez-vous parmi vos contemporains ?
J.B : Sollers, DeLillo, Ellis, Michon, Haenel, Calasso et d’autres.
M : Que faites-vous pendant le confinement ?
J.B : Le confinement n’a pas tellement modifié mon mode de vie. Je lis, j’écris, et je regarde des photos de filles d’Ajaccio sur internet.
M: La théologie est un thème important dans votre livre. Et dans votre vie ?
J.B: Oui, la théologie me passionne. La Création de l’homme de Grégoire de Nysse, par exemple, est un livre indispensable, notamment pour sa métaphore du cône d’ombre. Je vois le catholicisme comme un gros gâteau d’amour. Il y a une profusion baroque dans cette tradition qui est une des plus belles images du don infini de Dieu. Par ailleurs, je m’intéresse beaucoup au monde orthodoxe, au judaïsme, au soufisme, au Tao. Je ne refuse, par principe, aucune bénédiction.
M: Ce narrateur solitaire et sarcastique, c’est vous ?
J.B : C’est une possibilité de moi.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
J.B: J’ai récemment écrit un texte intitulé L’œil parle. C’est une préface qui se trouve dans le livret du nouveau coffret DVD d’Hector Obalk, Grand-Art, Saison 1, aux Editions Montparnasse.
M. Ressentez-vous une urgence à publier de nouveau ?
J.B : Aucune. La seule urgence que j’aie à l’esprit, c’est de demander en mariage une fille qui, sans cela, pourrait faire l’erreur de se marier avec un autre. Mais j’attends le déconfinement des coiffeurs.
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