Comment parler de ses émotions ? Le recueil d’Iris Leonetti, Quand se fanent les roses, nous propose un itinéraire des passions. Aussi bien personnelles que collectives, ces passions interrogent les formes de la poésie.
Par : Caroline Vialle
Iris Leonetti sort un recueil de poèmes d’une étonnante maturité pour son âge. Il faut dire que la jeune fille semble avoir vécu précocement nombre tourments que peut apporter le sentiment amoureux. Le titre, Quand se fanent les roses, d’inspiration classique, évoquant l’éphémère, ici probablement plus de l’amour que de la beauté, se détache sur une couverture au papier glacé. Le Rouge et le Noir dominent. La passion et la mort sont présentes en couleurs mais aussi dans le développement du recueil.
Recueillir le sentiment
L’éclosion, la fanaison, la monocarpie « fait pour une plante de ne fleurir qu’une seule fois puis de mourir », scandent le recueil.
Les sentiments se succèdent au fil des poèmes.
L amour, la haine, la tristesse, le désespoir, le manque, la reconnaissance aussi :
....La plus sage des bêtes osa murmurer Ma fille ce que tu vis s'appelle l'expêêêêêêêêêrience...
La vengeance :
Mais dans mon cœur d’agneau un sentiment est né J’irai boire et attendre, jusqu’à ce que je vois Le cadavre de mon loup sur le fleuve passer
La peur :
Tu sais, la mer me fait peur Je l'imite lorsque je ressasse...
Exprimer ses émotions
L’ombre alterne avec la lumière qui se fait de plus en plus pâle au fil des pages.
Ses espoirs et ses angoisses, l’exploration des moindres recoins de son cœur ne peuvent nous rester étrangers et toutes et tous, autant que nous sommes, avons certainement éprouvé de près ou de loin ce que Iris met en vers de façon si précise et si juste. La force et l’art du poète ne se situent-ils pas justement dans cette capacité à exprimer ce que nous ressentons, parfois de manière bien plus vague et imprécise ?
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Iris nous avait averti dès la préface :
À l’aube de mes 18 ans le soleil était si ardent qu’il transperçait de sa lumière les failles de mon cœur… J’ai peur de l’Homme…. j’ai 18 ans, il est tôt et je me bats….. Vous n’êtes pas seuls. Bienvenue dans mon antre…
Au-delà d’une expérience amoureuse, c’est son expérience de la vie quelle partage avec nous et qui va bien plus loin que la passion puisque les thèmes de l’angoisse de la page blanche, de la dépendance alcoolique, de la mort, de la nostalgie, de la perte d’un être cher sont abordés tour à tour à la fin du recueil.
Déambuler dans son propre coeur
Et je dirais que c’est finalement beaucoup d’espoir que nous donne Iris Leonetti concernant ses capacités à créer la possibilité de déambuler dans les méandres de nos propres cœurs.
Nous lui souhaitons bonne chance pour cette vie qui s’ouvre à peine à elle et qui lui promet à la fois une richesse intérieure peu commune et une capacité à partager ses émotions avec un art que beaucoup pourraient lui envier.
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Iris Leonetti, Quand se fanent les roses
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