Paul Tramini présente le dernier roman de Serge Joncour, Repose-toi sur moi, publié aux éditions Flammarion. 

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Aurore a tout pour être heureuse ,sauf qu’elle travaille trop, qu’elle est débordée par le business, le quotidien et la vie domestique. Dans son immeuble ,elle trouve un petit intervalle de paix, la cour qui depuis des années est son sas de décompression, qu’elle entre ou qu’elle sorte. Mais les corbeaux ou corneilles s’y sont installés et elle fait des crises de panique quand elle les entend et les voit. Ludovic, l’un de ses nombreux voisins , est un ancien agriculteur venu de sa province pour travailler dans le recouvrement de dettes. Le début du roman nous le montre en action, dans des demeures minables, chez des vieux absents ou dépassés  ou des endettés chroniques. Son métier ne l’embête pas, il sait y faire depuis le temps et sa carrure, son détachement en font un bon « encaisseur ».

Aurore a si peur des corbeaux qu’il va l’aider et le titre résonne dans tout son sens à partir de ce moment d’aide. Ce sont ses épaules, sa force, qu’il propose et elle lui apporte aussi beaucoup. Lui seul, elle mariée, elle dans la mode, mère de famille surbookée et lui qui connait la nature, la terre, les animaux, ont tout pour se détester. Serge Joncour les fait s’aimer et il y a en eux, avec leurs faiblesses et leurs différences, beaucoup de cet absolu dont parle Musset un idéal d’amour qui donne son sens à la vie.

Histoire d’amour, fable sociale aussi qui met l’accent sur la solitude, que l’on soit seul ou accompagné car la solitude a plusieurs visages ici.
Serge Joncour sait créer les univers, sans trop en faire. Aurore tremble et se découvre. Ludovic lui apprend à se connaître alors que le héros a tant à savoir sur lui-même. Une telle histoire est-elle encore possible pour eux ? Serge Joncour nous  fait y croire car ses personnages, qui n’y croyaient pas non plus, l’ont vécue !

Extrait

« En se serrant contre cet homme, en s’y plongeant avec tout ce qu’elle mobilisait de forces, elle embrassait l’amour et le diable, la peur et le désir, la mort et la gaîté, elle avait la sensation de se perdre en plein vertige dans ces bras-là, d’être embarquée dans une spirale qui n’en finirait jamais de les avaler. »

Informations utiles

Serge Joncour, Repose-toi sur moi, Paris, Flammarion, 2016, 21 euros.