Par
Fabienne Francesconi
Une rencontre Musanostra un mois de mai (en 2010 au Majestic à Bastia), avec pour invité d’honneur Marco Biancarelli, nous avait amenés à évoquer les grandes figures d’une errance mythique, celle des auteurs que sont par exemple, pour en nommer deux très célèbres, Jack London ou encore Jack Kerouac.
On peut tenter de déterminer ce qu’ils cherchaient ou plutôt ce qu’ils fuyaient : mais il est bien plus intéressant de les lire et de profiter de ce qu’ils nous en ont laissé, de leurs parcours sur les routes de la marginalité.
Jack London a ouvert la voie avec La route selon M. Biancarelli (cf sa lecture à découvrir sur ce site ) remarque : La Route de London, écrit en 1907, puise ses sources, de manière incontestable, chez un Mark Twain, celui de Huckleberry Finn, et sème l’œuvre d’un Kerouac ou d’un McCarthy. Le premier écrivit Sur la Route en 1957, et le second La Route en 2006.
L’hommage au grand Jack n’est pas caché, et cela nous prouve que les livres sont aussi écrits pour inspirer et générer sans fins d’autres livres, et que les grands écrivains, ceux de l’aventure, ceux de la condition humaine, parlent aux grands écrivains à travers les siècles. Ceux qui aiment lire ces voyageurs ressentent le plaisir de leur seule évocation, ainsi que leur fraternité …
Or parmi eux Jack Kerouac connaît un nouveau moment de gloire depuis qu’on a réédité il y a quelques années son roman dans sa version initiale, c’est à dire que les éditions Gallimard ont choisi d’offrir aux lecteurs tout le texte de Sur la route qui avait été écrit sur un rouleau de papier blanc de 40 mètres ; Jack y travailla 21 jours d’affilée, ne s’arrêtant que pour dîner ou se doper tant cette vie libre, en bonne compagnie, dans une Amérique aux grands espaces coupés par d’innombrables routes , lui semble une révélation !
Il a moins de 30 ans et son livre va faire rêver des millions de jeunes pour qui la Beat generation semble la seule solution… Et on accède enfin à l’oeuvre telle que son auteur a voulu nous la proposer, pas tronquée ; on a en main la copie du « rouleau original » et on se dit qu’il est très moderne ! Qui parmi vous l’a lue, cette version presque originale, car il faut compter avec la traduction, of course ! ? Bingo, ce fut un succès de librairie !
« Cet été là, j’étais sur la route toute la sainte journée. Sur les routes corses à tout berzingue à la rencontre de mes amis (es) et avec KEROUAC, Le rouleau original, s’il vous plaît. JACK KEROUAC a écrit Sur la route en 1952 sous l’effet de la benzédrine (ancêtre de l’amphétamine),sans ponctuation, sur papier télétype. Il avait craché son texte , plein d’anecdotes prises sur le vif . Sur la route relate sa rencontre avec NEAL CASSADY , le jazz ,l’alcool, les filles, la drogue, la liberté, c’est une ode aux grands espaces, à l’épopée vers l’ouest et la découverte des mondes nouveaux . C’est aussi l’histoire vraie d’une bande de déjantés qui sillonnent l’Amérique en tout sens sans un rond, à la recherche de quelque chose qu’ils ne trouvent pas vraiment, qui se perdent et reviennent au point de départ avec au cœur l’espoir de quelque chose d’autre. Ce livre avant-gardiste marque le début de la « BEAT GENERATION » qui a ébranlé la société américaine dans ses certitudes ; la formule est de J. Kerouac qui l’a employée pour la 1ère fois en1948 et l’a tirée d’une expression populaire des noirs américains faisant référence à la pauvreté et à l’écrasement »
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