Si l’escrime est un art, c’est aussi une pédagogie approuvée par des femmes victimes de violences sexuelles. Une arme face à un traumatisme dont elles parviennent à sortir victorieuses. Un combat que le roman graphique Touchées parvient à mettre en scène avec puissance et délicatesse.
Par : Lena-Maria Perfettini
Elles n’ont ni le même âge, ni le même caractère, ni le même vécu. Pourtant elles ont en commun les violences sexuelles et/ou conjugales qu’elles ont subies. Et c’est pour surmonter ces traumatismes que Lucie, Nicole et Tamara participent à un atelier d’escrime thérapeutique. À noter que ces ateliers ont réellement été mis en place par l’association “Stop aux violences sexuelles” dans plusieurs villes de France.
Organisées en binôme, par un maître d’armes et une psychothérapeute, ces séances destinées aux femmes violentées ont pour objectif de les aider à se libérer de leur passé. Apprentissage de l’attaque, de la défense et de l’esquive, de même que la possibilité de parler à un professionnel. S’exprimant ainsi à la fois par le corps et par les mots, quand elles le souhaitent. Quoi de mieux qu’un sport de combat où le but est de toucher sans être touchée ?
Fortes ensembles
Face aux difficultés, une sororité se met en place et permet aux héroïnes de mener et gagner leur combat personnel. Une lutte contre elles-mêmes, ou leurs traumatismes corporels et sensoriels. Derrière les masques, l’adversaire peut avoir les traits de qui elles souhaitent : un mari violent, un frère incestueux, un camarade violeur ou un démon intérieur. Mais tout cela dans une violence contrôlée par les règles du sport. Peu à peu, ces femmes fragiles se révèlent fortes ensembles. Et au bout d’un an, elles parviennent à opérer des changements dans leur vie et à en reprendre le contrôle.
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En somme, lorsqu’est exposé le passé de chacune des trois femmes , la lecture peut être parfois difficile. Mais des moments plus légers permettent de contrebalancer la tension qui peut s’installer et notre espoir de voir les héroïnes se libérer et avancer dans la vie fait le reste. De plus, ce roman graphique nous séduit par son esthétique. L’auteur propose un dessin à l’aquarelle, délicat et intense, qui mêle la douceur des tons et la puissance des gestes. Par de grands traits, ces femmes deviennent des combattantes, qui se réapproprient leurs corps et leur vie, et nous ne pouvons qu’être touchées.
Quentin Zuttion, Touchées, Paris, Payot Graphic, 2019
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