PODCAST – Christophe Ciccoli commente le texte d’Andrea Camilleri, L’Autodifesa di Caino, publié aux éditions Sellerio.

La dispute fraternelle nous expose un cas de conscience qui définit notre façon d’appréhender l’humanité et les lois qui les gouvernent

Andrea Camilleri dans L’Autodifesa di Caino se fait l’avocat du premier criminel de l’histoire de l’humanité. Il appelle à la barre de nombreux témoins et présente à la cour avec humour et finesse un argumentaire puissamment documenté sur les « vraies » raisons qui poussèrent Cain à commettre le terrible fratricide. Ce court opuscule pose avec actualité et acuité deux enjeux majeurs de notre société. D’une part Cain reste présent tout au long des siècles dans l’inconscient collectif et s’avère un acteur majeur de nos comportements et des principes directeurs qui les guident. D’autre part la dispute fraternelle nous expose un cas de conscience qui définit notre façon d’appréhender l’humanité et les lois qui les gouvernent. Avec Abel et Cain deux choix s’offraient à nous : obéir aux injonctions pastorales du premier sous la menace du bâton, de la crosse ou du sceptre et forcer la main à la nature pour qu’elle se plie aux ambitions humaines ou faire en sorte que sous la bienveillance du second un environnement préservé permette de bénéficier de ce que la terre peut offrir, ni plus ni moins. Le destin toujours facétieux a fait que ce soient les principes du trépassé qui l’emportent ce qui fut peut-être la plus cruelle punition infligée au meurtrier. Aux premiers jours de la création un jardin fut planté en Eden, l’homme et la femme l’ont quitté pour s’en aller bâtir des royaumes.


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