Karol Beffa est compositeur et pianiste. Normalien, agrégé, docteur en musicologie, il sera l’invité du Musée de la Corse le samedi 11 septembre à 15h.
En 2012, titulaire de la chaire de création artistique du Collège de France, il s’est plié au protocole traditionnel : une leçon inaugurale prononcée solennellement en présence de ses collègues et d’un vaste public, qu’il a choisi d’intituler : « Comment parler de musique ? ».
L’invasion des commentaires sur les différents arts
Une question simple sur un sujet complexe : l’invasion des commentaires sur les différents arts. En ce qui concerne la musique, la situation est éminemment problématique. En effet, « L’artiste, dont la raison d’ête est de créer, est trop souvent sollicité pour présenter, expliquer, disséquer son œuvre…
N’est-il pas saugrenu et quelque peu inquiétant de demander à un compositeur de changer de langage pour atteindre son auditoire, et de le forcer à s’exprimer dans la langue commune , et non pas par la musique, qui est précisément sa vocation ? »
Où comment la musique ?
Le commentaire littéraire « use du même médium verbal que son objet » ; ce n’est pas le cas pour la musique. Wagner exprime cette impossibilité en une formule radicale : « La Musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots ». Des commentateurs érudits se sont pourtant attachés à décortiquer les partitions ; mais leurs « fétichisme de l’écrit » les ont coupés de musiques telles que le jazz, les musiques extra européennes, les musiques improvisées.
Beffa exprime son embarras de créateur sommé de devenir commentateur dans des débats sur des plateaux de télé ou de radio, où l’on confond linguistique et musicologie, profondeur et obscurité. On lui enjoint de donner son avis sans tenir compte des nuances ; il est alors contraint de prendre un ton péremptoire, « il s’agit moins de parler que de placer un mot » !
Mais alors, comment parler de musique ? De grands compositeurs, comme Berlioz, Schubert, Debussy, Dukas…ont réussi à en parler « dans un discours souvent simple et sans excès de références techniques ». Il faut, dit Beffa, prendre en considération le contexte cultuel de l’époque, et se fier à son intuition.
En dernière analyse, grâce à son argumentation brillante, subtile et fondamentalement sensée, Karol Beffa réussit à nous donner envie d’assister à ses leçons, afin que nous puissions mieux apprécier cet art trop souvent présenté comme hermétique.
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