Dans son premier roman publié en 2011, Hélène Gestern, enseignante et chercheuse en linguistique au CNRS, tente de dénouer les fils du souvenir au travers de photographies et de correspondances. Un roman épistolaire plusieurs fois primé.

Par : Nadia Saadi

« La mort est passée. La photo arrive après qui, contrairement à la peinture, ne suspend pas le temps, mais le fixe. »

Mathieu Riboulet, Les Œuvres de miséricorde, Verdier, 2012.

L’intérêt de l’auteure pour la photographie est le point de départ de son premier roman publié en 2011 aux Éditions Arléa

Eux sur la Photo recevra plusieurs prix ( Prix René Fallet 2012, Prix de l’Office central des Bibliothèques, etc ).

Une photo qui « a fixé pour toujours trois silhouettes » illustre un article de journal, et c’est cette image qui génère l’intrigue. 

Hélène Gestern

Outre l’univers de la photographie, l’écrivaine s’est attachée à privilégier les domaines de la correspondance, de l’autobiographie, du journal intime, de la perte et de la mémoire. Tous ces sujets lui tiennent à cœur et sont très présents dans son écriture.
Elle travaille d’ailleurs auprès d’un groupe de recherche sur les écrits personnels. 

Dans Eux Sur la Photo, le personnage Hélène Hivert publie une annonce. À vrai dire, elle est à la recherche de toute information ou d’indices qui pourraient l’éclairer sur sa mère morte ; une des silhouettes de la dite photo.

La disparition de sa mère l’a jetée dans cette soif de la faire revivre et surtout de la connaître. Elle qui ne sait presque rien sur celle qui lui a donné la vie reçoit une réponse à son annonce.

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Un manque de soi

S’ensuit alors une correspondance qui se nourrit de lettres, d’e-mails, mais aussi de textos entre elle et un homme qui lui apprend qu’une des deux autres personnes sur la photo est son père. 

L’écriture répond à un jeu de miroir où les deux personnages Hélène et Stéphane s’interrogent respectivement sur leur réelle identité. Que cache cette photo ? Qui sont vraiment ces trois personnes sur la photo ? Quel lien existe-t-il entre elles ? … 

Cette enquête qui relève à la fois du secret de famille, des non-dits, et de la recherche d’identité se complète de soigneuses descriptions d’autres photos, qui apparaissent au fur et à mesure du récit. Fouiller dans le passé, dans les souvenirs et entrer dans l’intimité de ceux qui ne sont plus là ; tout ceci, au risque de découvrir le pire. Mais en réalité, dans un but existentiel : celui de la recherche d’une vérité personnelle.

Que découvriront-ils ?

Hélène Gestern, qui depuis a publié plusieurs autres romans, réussit à créer un bel entrelacement de deux histoires personnelles. Celle de ces deux adultes dont les souvenirs d’enfance incomplets créent en eux « un manque de soi », un manque en eux.
Ce travail donne lieu à une troisième histoire : celle de leurs échanges qui donne naissance au roman, Eux sur la Photo. À découvrir.


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