EXTRAIT – Jean-Marc Olivesi, conservateur général du Patrimoine, auteur aux éditions Albiana de Salomé aux Enfers, nous propose un extrait de l’Hérodiade de Mallarmé.

Assez ! Tiens devant moi ce miroir.
                                                    Ô miroir !
Eau froide par l’ennui dans ton cadre gelée
Que de fois et pendant des heures, désolée
Des songes et cherchant mes souvenirs qui sont
Comme des feuilles sous ta glace au trou profond,
Je m’apparus en toi comme une ombre lointaine,
Mais, horreur ! des soirs, dans ta sévère fontaine,
J’ai de mon rêve épars connu la nudité !
Nourrice, suis-je belle ?
 
                            N.
                                      Un astre, en vérité
Mais cette tresse tombe…
 
                            H.
 
                                      Arrête dans ton crime
Qui refroidit mon sang vers sa source, et réprime
Ce geste, impiété fameuse : ah ! conte-moi
Quel sûr démon te jette en le sinistre émoi,
Ce baiser, ces parfums offerts et, le dirai-je ?
Ô mon cœur, cette main encore sacrilège,
Car tu voulais, je crois, me toucher, sont un jour
Qui ne finira pas sans malheur sur la tour…
Ô jour qu’Hérodiade avec effroi regarde !

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