ARTICLE – Audrey Acquaviva propose une critique de l’ouvrage de Vanessa Springora, Le Consentement, consacré à sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff, alors qu’elle était encore adolescente. Publié aux éditions Grasset, le livre a obtenu le Grand Prix des Lectrices Elle et le Prix Jean-Jacques Rousseau.

Au-delà de la plongée dans la mécanique implacable d’un prédateur sexuel et de sa proie, de l’universel besoin d’amour, d’une résilience livrée à travers un éprouvant récit de reconquête de soi, départi de toute émotion, de l’emballement médiatique, Le Consentement de Vanessa Springora soulève un passionnant et déroutant questionnement éthique qui mêle sphère privée et sphère publique : la capture du réel par l’écriture.

Le Consentement en évoque deux. La première concerne à la fois le parcours de la proie et la reconquête de soi. La seconde aborde le réel transformé dans les récits de son ancien prédateur, lui-aussi écrivain. Vanessa Springora comprend que Matzneff change la réalité. Elle y perçoit même une faculté à aborder la vie dans le seul but de la coucher sur papier.

Le Consentement évoque aussi la transformation de personnes en personnages à travers l’écriture. Ainsi, dans son passé douloureux, Vanessa Springora passe de muse à objet, d’adolescente en quête d’amour en personne ravagée. Elle se sent dépossédée d’elle-même, réduite à une initiale. Elle termine son récit en transformant à son tour son ancien prédateur en personnage, l’enfermant à jamais dans une prison de mots.

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Vanessa Springora, Le Consentement, Paris, Grasset, 2020

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