Jeté dans mon carnet, et à la hâte, parcourant la très belle exposition du même nom d’Alexandre Hollan à Lodève, au cours d’«Urgence Poésie » en juillet 2016.

Pas les racines qui comptent, non, seulement les arbres.

Les arbres qui battent la campagne, tombent, se relèvent et s’empalent de leur victoire sur la mort et l’assassinat à gueule de hache et de scie. Demeure toujours la présence de l’arbre, même après sa disparition, et qui prononce le ciel. La sagesse profonde de l’arbre, son initiation, parfaite et complète, font mal à l’arbre, le blessent, mais du même coup le sauvent.

A perte d’arbre donc, l’arbre coupable, désappointé et frondeur silencieux. Palarbre, on mange son pain blanc, tous arbres confondus. Malabarbre, arbre désarbré, changé en lutteur de foire, justaucorps et moustaches tombantes, arbre de vie, jamais de mort.

L’intime certitude que l’arbre dans sa course finira par faire le résumé du ciel et de ses mondes. L’encens du soleil laisse des traînées bleues, jaunes et vertes dans la pénombre d’une canicule inventée. Je revois en filigrane les pierres enfiévrées où s’accroche une lumière engendrée, sans ostentation, par ces branches lourdes, jamais résignées. Je signe les sauf-conduits aux étoiles qui peut-être ne reviendront jamais. Nulle capitulation et nulle insolence. L’espérance jaillit du sol, immobile. Et puis dans l’or du soir d’été les formes se chargent d’étranges couleurs de viandes vives. Bigarrures. C’est un serment que de vivre, tenu avant même que d’être énoncé. Fatras, fouillis calculé, ordonné par la grâce d’une mystérieuse logique visible pourtant à l’oeil nu. Tu t’inclines devant l’élégance du rameau éclaboussé de lumière rentrée et qui te la restitue sur le champ, sans gêne ni remords. Et l’arbre s’exaspère de présence, d’innocence lourde de sens et d’expérience. Filigrane encore, bleu cette fois. Concupiscence blanche. J’égrène mon regard de la plus haute à la plus basse branche. L’arbre redit la lumière. La fait naître de ses entrailles, éclater en « implosante fixe ». Poètes à la dérive devant cette poésie qui se passe de mots. Puisque te voilà à présent incapable de faire la part de l’arbre et la part du monde. « Je suis sûr d’une présence ».


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