Un livre nouveau sur la vie de Brigitte Bardot 

Le thème central est une rétrospective de la vie de Brigitte Bardot. De ce point de vue-là, il n’y a pas de véritables révélations, étant donné l’immense notoriété de l’actrice et la couverture médiatique dont elle a bénéficié, d’autant plus que B.B. a déjà , elle-même, publié deux titres, Initiales B.B., et Le Carré de Pluton ( aux éditions Grasset).

couverture du livre « Mes nuits sans Bardot » de Simonetta Greggio  (Albin Michel, 2024)

Une approche originale, un journal reconstitué par Simonetta Greggio

Mais l’approche choisie par Simonetta, peut-être influencée par l’un de ses livres favoris, Blonde, de Joyce Carol Oates qui réinvente la vie de Marylin Monroe, est originale. L’essai est régulièrement rythmé en deux volets : les impressions d’une inconnue, et celles que Simonetta prête à Bardot, un journal reconstitué, mais qui sonne juste. Une inconnue s’installe à Saint Tropez, près de La Madrague, et sur le seuil de la maison laisse un mot sous une pierre. Voulant vérifier la rumeur fatale selon laquelle son idole, âgée de 90 ans,  serait décédée, elle écrit « BB je t’aime, ne meurt jamais ».

Une galerie de stars

 Ses goûts de cinéphile permettent à Simonetta de dresser en quelques traits caractéristiques une véritable galerie de portraits de stars, non seulement du cinéma, mais aussi de la littérature :

Marlon Brando  « était entièrement inscrit dans sa propre destinée, indifférent se laissant adorer par les hommes et les femmes  de la même manière, comme un lion placide ».

Simonetta Greggio cite le mot des Tennessee Williams: « L’hétérosexualité est une noble ambition à laquelle nous n’arrivons pas tous à accéder ».

Garbo : « une gorgée de vodka glacée ».

Danièle Delorme vue par Bardot : « Elle avait une voix très particulière, comme du velours râpé , et je me souviens [dit B.B.] avoir pensé qu’elle avait de la chance de ne pas être trop belle, d’avoir juste cette grâce qui l’illuminait ».

Brigitte Bardot et Marilyn Monroe

B.B. selon Simonetta n’hésite pas à décrire une autre idole, Marilyn Monroe : « Tout était beau chez elle, ses cheveux comme un nid d’oiseaux de paradis, sa bouche- en arc de Cupidon ! – son nez mignon, son visage en forme de cœur, son front lisse et blanc, ses petites mains, ses fesses divines, ses pieds ».

Anna Karina : «  Le charme d’Anna était palpable, son corps, moitié fillette, moitié feu follet- convenait à la sexualité torturée de Godard ». 

Jane Birkin « délicieuse crevette britannique, fil de fer et filet de voix ». 

La caricature de Marlène Dietrich est impertinente, mais irrésistible : « Dietrich, pour ceux dont le fantasme aurait été de coucher avec un grenadier – un militaire de grande taille, pas un arbre fruitier ». 

Martine Carol, « plus rose que blanche, jouant les sottes, prompte au lit, pleurnicheuse, aguicheuse, se pâmant entre la poire  et le fromage, revendicatrice, une dragée acide,  le rêve d’un fruit défendu que l’on paie trop cher et auquel on tient d’autant plus ».  

Devenue une icône

Simonetta rappelle  la photo qui a enflammé l’imagination des voyeurs : « Gros plan sur son visage pris dans une vague de cheveux châtains…bouche ouverte, yeux clos . Elle pourrait être n’importe quelle jeune starlette, mais c’est elle, au premier coup d’œil on la reconnaît, cette espèce de biche qui va sauter sur une table , trempée de sueur de la tête aux pieds, mèches voletant  dans la bouche et les yeux ; dans l’élan , on aperçoit sa culotte blanche comme celle d’une écolière  sous la robe soulevée, ses jambes fuselées muscles tendus, les seins portés haut, le cou perdu dans la chevelure longue à balayer les reins, foisonnante comme une queue de mustang ». 

Brigitte Bardot : Une vie et des drames cachés

Mais elle n’oublie pas les côtés sombres de cette vie, les moments de solitude paradoxale d’une star connue dans le monde entier, la souffrance d’un avortement, le déchirement des ruptures, la dénonciation du traitement cruel que l’homme fait subir aux animaux.

La culture littéraire de Simonetta Greggio est vaste,

mais discrètement distillée. Ses citations de Françoise Sagan, de Tennessee Williams, de Charles Cros sont toujours à propos. Elle a même trouvé une citation de Léonard de Vinci à propos de la cruauté que l’homme inflige aux animaux, et   qui rejoint de façon surprenante, tant de siècles plus tard,  le combat de B.B.

« Ô Terre ! Que tardes-tu à t’ouvrir et à les engouffrer dans les profonds crevasses de tes grandes abîmes et de tes cavernes, et à ne plus montrer à la face des cieux un monstre aussi  sauvage et implacable.  Le jour viendra où le fait de tuer un animal sera condamné au même titre que celui de tuer un humain ». 

S’appuyant sur son talent de journaliste professionnelle, Simonetta Greggio sait ménager l’attention et la patience du lecteur, de sorte que ses chapitres sont percutants comme des clips, et on ne se lasse pas de tourner les pages de ce roman qui est , au fond, un cadeau d’anniversaire. 

                                        Francis Beretti 


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