par Francis Beretti
 

Les enfants de la guerre est le dernier livre du docteur Bernard Benedetti. Le docteur est issu d’une lignée de soldats, et d’une « tribu », comme il le dit , dont les racines sont situées à Lugo di Nazza. Son grand-père Bernard, diplômé de Saint Cyr, avait été fauché dans le grand massacre de 1917. Son père Marc, orphelin à trois ans, pupille de la nation, était entré dans la même carrière.
A l’âge de six ans le petit Bernard est victime d’un grave accident qui a failli lui coûter la vie. C’est son père qui dans l’urgence, et dans un environnement très précaire, le sauve en lui transfusant son sang. Voilà le premier souvenir traumatisant, et en même temps chargé de symbolisme, de cet ouvrage : la force vitale des liens du sang.
La deuxième image prégnante est celle de l’atlas, que Bernard, dès sa petite enfance, emportait partout avec lui. Elle est comme la préfiguration des déplacements qu’il allait faire dans le monde entier : en Tunisie, en Equateur, en Afghanistan, dans le Kosovo, en Bosnie Herzégovine.
La troisième image significative est l’usage que le docteur Benedetti faisait d’une cartouchière. Les moudjahidins portaient autour du ventre des poches remplies de chargeurs de kalatchnikovs. Lui s’en servait pour les remplir de matériel médical. Image de la pugnacité et du courage que l’on associe aux guerriers, mais des qualités mises au service d’une plus noble cause.

On a l’impression que l’auteur, conscient de la gravité de l’état de sa santé, était pressé de livrer son témoignage. Comme le dit bien Bernard Kouchner, Benedetti a « une écriture directe, au plus près des sentiments, un livre vibrant d’humanité, sans apprêt, de la vérité-vraie, marquée d’un réalisme froid, presque anatomique, qui rend plus chaleureux les moments de détente ».

Les enfants de la guerre nous donne le portrait d’un homme porté jusqu’au bout par son idéal, un engagement qui a fait de lui « l’honneur de la médecine de terrain », jugement exprimé par Kouchner, qui l’a bien connu et apprécié. Un livre-testament, par la force des choses.


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