Dans son roman historique, Hélène Bonafous-Murat retrace la vie d’un jeune orphelin rescapé lors de l’attaque menée par la troupe contre un immeuble de la rue Transnonain, soupçonné d’abriter des opposants à Louis-Philippe. Le jeune homme en sort infirme, mais à force de volonté et grâce à d’heureuses rencontres, une nouvelle vie s’offre à lui.

Par : Caroline Vialle

Le jeune homme au bras fantôme. Éditions Le Passage. Hélène Bonafous-Murat. De quoi attiser notre curiosité, avec l’assurance d’un ouvrage de qualité. C’est le Paris de la première moitié du XIXème siècle. Échauffourées et fusillade dans une maison où les soldats déciment plusieurs familles. Seize ans après nous retrouvons le petit Charles. Six ans au moment des faits, un bras en moins, orphelin de père et à charge de sa mère. Charles n’a pas la légèreté d’âme et l’humeur joyeuse de son amie Pauline qui a vécu le même drame mais qui n’en est pas ressortie infirme. Malgré tout, cette dernière, qui s’en occupe comme d’un petit frère, l’aide progressivement à retrouver goût à la vie en l’encourageant malgré son infirmité à croire qu’un avenir est encore possible.

Leur chemin croise un ancien habitant de la même maison, Francisque, sorti également grièvement blessé, mais qui a néanmoins réussi en tant qu’horloger. Pauline et Francisque tombent rapidement éperdument amoureux. Loin d’être délaissé par ses deux amis, c’est aussi la vie de Charles qui va s’en trouver modifiée. Avec son bras articulé sur lequel l’horloger a travaillé de nombreuses nuits, trouvant similitude entre les rouages de ses montres et les articulations nécessaires au fonctionnement de la prothèse, il finira par trouver un emploi et une amoureuse. Et commencer à croire que lui aussi a droit au bonheur.

Un Paris qui n’existe plus

Au fil de son récit, Hélène Bonafous Murat nous emmène dans un Paris qui n’existe plus. En ce milieu du XIXème, nous assistons à la démolition des rues et des maisons vétustes faites de pierre et de bois pour laisser place à une ville où le tout-à-l’égout, l’éclairage au gaz, les avenues larges et les bâtisses spacieuses dessinent petit à petit le Paris que nous connaissons. Un Paris dans lequel Charles comprend vite qu’à l’image des maisons insalubres, son infirmité n’a pas de place et qu’il doit faire preuve, plus encore que les autres, de détermination pour assurer son avenir et son bonheur.

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Bientôt devenu indispensable à un patron issu de la société bourgeoise parisienne dont les affaires sont florissantes, Charles et son ami Francisque sont peu à peu invités à mettre un pied dans un monde qui leur est resté jusque-là étranger. Que ce soit pour leur caractère, doux et tout en finesse pour l’un, ingénieux et caustique pour l’autre, ou pour le succès d’une des premières prothèses articulées, Norbert Estibal les introduit dans ses salons. Et dans ses affaires.

Une société de prothèses articulées

Courtier en assurance, homme opportuniste, il développe son entreprise sur l’essor du chemin de fer et plus généralement des transports en commun, misant sur les accidents que ceux-ci vont générer. De là à vouloir créer une société de prothèses articulées pour le monde de demain il n’y a qu’un pas. Qu’il tient à faire avec Francisque, ne pouvant se passer de son ingénuité et de son savoir-faire. Charles comprend alors que son ami vient d’y laisser sa liberté en se mettant au service d’un entrepreneur prêt à tout pour s’enrichir.

Hélène Bonafous-Murat nous propose ici encore un roman à teneur historique dans lequel les protagonistes ont tous existé sans pour autant que leur vie aient été celle qu’elle leur prête dans son récit. À une intrigue soutenue elle mêle leçons de vie et parcours historique, faisant de ce livre probablement un des meilleurs de la rentrée littéraire.


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