La découverte de La Recherche de Marcel Proust.   

Laure Murat nous emmène avec intelligence et finesse dans l analyse de « La Recherche », avec le regard de celle qui est née aristocrate et ne pourra jamais l’oublier. Ses grand parents et ses parents ont évolué dans cette société proustienne (son arrière grand-mère recevait Proust à sa table, « ce petit journaliste que je mettais toujours en bout de table »), et sa famille et amis ont fourni  à Marcel Proust quantité de personnages de son œuvre.

Couverture de « Proust, roman familial » Prix Médicis Essai 2023, Robert Laffont

Le théâtre aristocratique


C’est grâce à la lecture de ce livre qu’elle a pu ouvrir les yeux sur une certaine forme d’hypocrisie dans laquelle baigne son milieu familial et dont l’éducation stricte et sévère, sans démonstration d’affection, la place dès son plus jeune âge en porte à faux avec son être intérieur.
« De mon enfance j’ai peu de souvenirs nets, j’ai surtout gardé des sensations, et celle qui domine toutes les autres est ce sentiment de l’implicite, de l’indiscernable, d’un impérieux silence entendu.  C’est une atmosphère, où ce qui ne se dit pas et ce qui ne se voit pas comptent beaucoup plus que la parole ou le geste,  toujours mesurés, comptés, théâtralisés ».

Mise au ban


Peu entourée (aimée?) par une mère surtout préoccupée de la mondanité de son rang, puis totalement rejetée à l’annonce de son homosexualité,  Laure Murat rompt totalement avec son milieu et sa famille et s’exile aux Etats unis. 15 ans plus tard, elle apprend  en même temps la mort de sa mère et tous les efforts que celle-ci a fait pour la déshériter. Son père, qu’elle avait en adoration, n’ osera jamais s’élever contre sa femme et les convenances aristocratiques. 

Proust pour compagnon

Les dernières phrases du livre résument à la fois la capacité de Marcel Proust à analyser et décrire la société aristocratique de ce début du XIXème siècle,  et la façon dont Laure Murat a vécu sa découverte, puis ses nombreuses relectures de cette œuvre.

« Proust n’endort pas nos douleurs dans les volutes de sa prose, il excite sans cesse notre désir de savoir, cette libido sciendii qui, en séparant l’enfant de sa mère nous affranchit plus sûrement du malheur que tous les mots de la compassion. A ce titre il ne serait pas exagéré de dire que Proust m’a sauvée ». 

Caroline Vialle


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