par Marie-France Bereni Canazzi
Un livre à part
Du Kongo à Rome, la route fut longue !
Un jeune homme bon et intelligent, remarqué par ses maîtres, partira en ambassadeur depuis son pays d’Afrique pour, au nom de son roi et de son peuple, dire leur condition à Rome. Elevé en chrétien par des hommes d’église, Nsaku Ne Vunda est devenu prêtre et porte désormais le nom de Dom Antonio Manuel : on est au 17e siècle, les bateaux, seul moyen pour voyager, sont peu sûrs, les capitaines sont des tyrans et le commerce des hommes est insupportable. L’esclavage et la traite des hommes constituent des enjeux politiques et économiques majeurs.
Le jeune religieux qui se pense investi d’une mission majeure, qu’il ne veut pour rien abandonner, va être traité avec relativement quelques égards , puisqu’il est représentant d’un pays et de l’Eglise et qu’il y a quelque souci de ne pas commettre d’erreur de diplomatie , mais ce qu’il verra et subira va l’écorcher, le crucifier, si loin de ses rêves et de sa vison du monde initiale. Imprégné de récits mythiques, respectueux de tous les êtres, il va mesurer la cruauté du réel et rester toujours humain et fraternel.
Ce personnage évolue et dessille tout au long du roman qui relate un parcours de vie, celui d’un envoyé au Vatican dont la statue, Negrita, peut surprendre celui qui la découvre. L’homme est un loup pour l’homme à bord et à terre. La couleur, le sexe…sont les agents de l’horreur : être noir, être femme, être pauvre…c’est n’être rien qu’un objet de jouissance pour celui qui a le fouet !
Une belle écriture, beaucoup de poésie pour dire la noirceur de la civilisation ! L’auteur a la faculté de traduire de façon très naturelle, par les choix de la syntaxe et le vocabulaire, les sentiments et pensées d’un déraciné qui veut malgré tout tenir bon, témoigner, dénoncer et œuvrer , croire en l’impossible.
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