ESSAI – Christophe Ciccoli nous propose une réflexion sur les liens sociaux.

Lorsque tous ces paramètres s’alignent cela offre des vies idylliques, mais il suffit que la conjonction se délite, ne serait-ce que d’un iota et pour un seul de ces paramètres. Alors l’horizon commence à s’incliner dangereusement. Nous sommes des animaux sociaux, grégaires, et le lien qui nous unit nous construit. Homo sapiens, l’homme moderne, aurait gagné en efficience et en puissance du fait de la richesse, de la diversité, de l’ampleur des relations sociales, des réseaux sociaux qu’il a été capable de tisser.

Ces liens nous constituent ontologiquement, cette nécessité de les tresser, parfois patiemment, parfois fugacement, l’amplitude qu’on rêve de leur donner aujourd’hui à travers des plateformes numériques globales est devenue une raison de vivre. Nous sommes pour et par les autres, nous sommes nous-mêmes le fait de parties d’autrui.

Le cercle familial, restreint aujourd’hui, parfois encore étendu, les premiers amis, les meilleurs amis, les premiers amours d’une nuit ou d’une vie, impactent notre psychè. Et entre chaque impact, au gré du temps et du moment, des liaisons se créent. Parfois de simples sentiers qui se perdent vite dans l’obscure forêt de notre inconscient, parfois aussi deux points qui ne se décelaient vaguement que depuis le lointain voient leur intensité croître au point qu’il se produit un arc électrique qui les soude, à jamais ? qui peut savoir… ainsi de suite, au fil de notre existence les impérieuses voies romaines, les vires périlleuses, même les sentiers battus, nous ont permis d’entrer en contact avec l’Autre. Un être de chair et de sang, une idée, une œuvre, un rêve.

Ce tissu d’énergie est d’une fragilité inouïe, d’une puissance sans bornes. Nous ne sommes pas les jouets du cosmos pour autant, nous en sommes les atomes et nos actes. Nos paroles sont les flux qui l’alimente et décident de son évolution. Nous sommes des êtres charnels et cosmiques capables de faire éclater de sanglants feux d’artifices autant que de bâtir des galaxies. Nous sommes notre destin. Les fameux capitaines de nos âmes, invincibles. Sous les règnes successifs des éons nous marchons un seul pas ou parcourons des années -lumières. Je disais à l’instant que nous n’étions pas des jouets mais plutôt des acteurs, les éléments autonomes, serviles, têtus, timides; c’est selon.

Sur scène, au moment où les projecteurs se braquent sur nous tout devient possible, une esquisse, un empire, l’amour ou la haine, souvent les deux mêlés, entremêlés jusqu’à l’asphyxie. Cependant nous n’évoluons jamais seuls sur scène. Qu’une main nous guide, nous entraîne ou nous frappe et nous projette il y a toujours un autre, même dans ce qui peut paraître un monologue on peut entendre résonner la voie de cet autre nous-même qui rêve en silence. Alors allons-y entrons en scène, parcourons le monde et la vie et soyons attentifs et curieux pour recevoir toutes les mains qui se tendront vers nous. Pour ce faire il suffit de marcher la main tendue et ouverte prête à serrer d’autres mains mais aussi malheureusement parfois les poings, le glaive ou notre cœur, jusqu’au sang.


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